Le monde de l’écrit, dans notre société, reste un marqueur puissant de distinction : on est lecteur ou on ne l’est pas, il y a celles et ceux qui savent et celles et ceux à qui l’on assigne de ne pas savoir. Or, ce que les pratiques d’alphabétisation populaire nous montrent chaque jour, c’est que si cette frontière est construite, elle peut également être déconstruite.
Ce numéro se penche sur des expériences concrètes où la lecture cesse d’être une compétence ou un objectif scolaire pour devenir une pratique et un outil de transformation. Elle constitue alors un espace d’appropriation, un terrain de lutte, une ressource pour comprendre et agir. Car les pratiques décrites dans ce dossier ne sont pas de simples « bonnes idées », elles sont politiques. Elles démontrent qu’une autre lecture est possible : une lecture investie, joyeuse, parfois laborieuse mais jamais subie, une lecture qui transforme autant qu’elle informe. Lire, ce n’est pas seulement accéder à du sens, c’est aussi pouvoir nommer le monde, le contester et y prendre place.