Sélection bibliographique

Aline Jacques, Centre de documentation pour l’alphabétisation et l’éducation populaire du Collectif Alpha

Le premier ouvrage, dont le principal collaborateur est Frank Lepage, revient sur l’histoire de l’éducation populaire. La compréhension de la lutte pour les droits culturels1 situe l’alphabétisation populaire dans une démarche qui l’englobe et la précède.

Avant de revenir sur l’histoire de l’alphabétisation populaire en France, en Belgique et au Canada, tentons d’abord une autocritique postcoloniale : avec Jérémie Piolat, essayons de comprendre pourquoi nous reproduisons si souvent en alphabétisation des rapports de pouvoir contre lesquels nous pensons lutter. Ensuite, avec Maurizio Catani, interrogeons-nous sur l’enseignement du français aux travailleurs immigrés et sur la relation dominant-dominé et l’idéologie que peuvent véhiculer les pratiques d’alphabétisation.

En France, avec le Collectif d’Alphabétisation de Paris, la lutte des classes a pris une place centrale au sein de l’alphabétisation populaire2. En Belgique, Mohamed El Baroudi, exilé politique marocain investi pour l’organisation et l’émancipation des travailleurs d’origine étrangère, en était persuadé : ces personnes étaient loin d’être ignorantes, elles étaient porteuses d’une expérience humaine, d’une culture… ; ce qu’il fallait leur apporter, c’était l’écriture et la lecture. En lien avec le combat de Mohamed El Baroudi et celui du Collectif de Paris, des militants de la FGTB créèrent le Collectif Alpha de Bruxelles en 1969. Une ligne du temps pédagogique retrace les étapes de l’évolution des pratiques d’alphabétisation populaire au sein de l’association. Omer Arrijs, d’Alpha Mons-Borinage, considérait également qu’apprendre à lire et à écrire devait être associé à l’expression de sa situation sociale définie par l’exploitation et l’exclusion, et rédigea une méthode d’apprentissage de la langue orale et écrite visant une intégration critique.

De l’autre côté de l’Atlantique, le RGPAQ3 fédérait en 1981 les organismes déjà actifs sur le terrain au Québec. Parmi ses nombreuses publications4, la revue Le Monde alphabétique a consacré deux dossiers à la conscientisation : Où en est l’alphabétisation conscientisante au Québec ? et Oser l’approche conscientisante en alphabétisation populaire. Ce deuxième dossier invite les lecteur·rices, à la suite de Paulo Freire, d’une part, à ne pas dissocier la réflexion et l’action et, d’autre part, « à réfléchir et à agir dans un incessant mouvement dialectique, et à tabler sur des relations d’égal à égal, laissant place à toutes les réalités, celle du formateur ou de la formatrice aussi bien que celle de l’adulte en apprentissage ».

Pour outiller le terrain, nous vous proposons ensuite deux démarches pédagogiques du Collectif Alpha : la première sur le thème de la lessive, thème qui concerne non seulement notre quotidien mais qui est également porteur de questions plus globales sur le fonctionnement de notre société ; la seconde sur les relations Nord-Sud à partir du documentaire Le cauchemar de Darwin qui nous transporte en Tanzanie, sur les bords du lac Victoria où se joue un désastre écologique. Et nous terminons cette sélection avec le Guide sur la gestion démocratique dans un groupe populaire en alphabétisation, proposé par le RGPAQ, au centre duquel se trouvent les notions de participation et de pouvoir. Car c’est bien d’une socioconstruction des pouvoirs que découle une socioconstruction des savoirs, et non l’inverse5.

LEPAGE Frank, (coord. par l’équipe de Cassandre/Horschamp à partir des enquêtes réalisées par), Éducation populaire, une utopie d’avenir, Les Liens qui Libèrent, 2012, 206 p.

Décloisonner et socialiser la culture, attribuer du sens à ce qui est vécu pour en faire un outil de lutte, s’interroger sur la finalité de nos actions : « Il s’agit d’identifier avec les différentes fractions du peuple les formes actuelles de l’aliénation, si l’on veut démonter le consensus par lequel, pour parler comme Spinoza, les hommes combattent pour leur servitude comme s’il s’agissait de leur seul salut »6. L’éducation populaire est l’une des utopies parmi les plus exaltantes issues des Lumières et notamment de Condorcet, renforcée par le mouvement ouvrier, le syndicalisme, le Front populaire et adoubée à la Libération. Donner aux individus, par des pratiques culturelles au sens large – expressions orales, arts, théâtre, danse –, quelles que soient leur classe et leur éducation, les moyens de se réaliser ensemble et de s’initier à la vie. L’éducation populaire est la dimension culturelle du mouvement social. La culture y est vue comme l’ensemble des stratégies qu’un individu mobilise pour survivre à la domination.

Ce livre retrace l’épopée des utopistes d’hier et d’aujourd’hui à travers des textes, des enquêtes et des archives. Il veut donner courage et force à tous ceux et celles qui ne se résignent pas à ce que les pratiques culturelles et artistiques soient réduites à la production d’objets marchands ou de signes de distinction pour une élite. Il s’agit de décloisonner la culture. Lutter contre l’idée que c’est à l’État que revient le pouvoir de reconnaitre les actes de création et, par là, à en assigner le sens. Il s’agit, comme l’écrit Roland Gori, de « réaffirmer l’humanité dans l’homme ». Nous percevons, en filigrane, les enjeux des luttes entre alphabétisation populaire, conscientisante et émancipatrice d’une part, et alphabétisation purement fonctionnelle et d’intégration d’autre part.

PIOLAT Jérémie, Portrait du colonialiste. L’effet boomerang de sa violence et de ses destructions, La Découverte, 2011, 166 p.

« L’alphabétisation est un terrain dangereux dans lequel se retrouvent différents héritages coloniaux déterminant la relation à l’extraoccidental et à l’apprenant·e en général. À moins de connaitre l’histoire de ces processus coloniaux ou d’en ressentir la présence, il est difficile de ne pas avoir un comportement un tant soit peu colonial dans un cours d’alphabétisation. » Les rapports de domination que nous perpétuons sont invisibilisés et pourtant bien présents.

Dans cet ouvrage, Jérémie Piolat pose les questions suivantes : une société, qui n’a de cesse de vouloir enseigner au monde entier comment fonctionner, fonctionne-t-elle bien, se porte-t-elle bien ? A-t-elle interrogé les autres sociétés pour qu’elles l’aident à comprendre comment elle fonctionne ? Imagine-t-elle seulement que les autres puissent avoir des réponses différentes des siennes ? Pour analyser le phénomène colonial, l’auteur multiplie les récits qui montrent comment il a d’abord fallu décerveler, priver de capacité de réaction, du pouvoir d’imaginer et d’agir collectivement les populations européennes pour qu’elles acceptent et même tirent gloire du colonialisme. Qu’est-ce qui a rendu possible le colonialisme ? Quelles transformations économiques, sociales et psychologiques ont été nécessaires, ici en Europe, pour qu’un colonialiste heureux et fier de son œuvre apparaisse ? Est-il possible de sortir enfin complètement du colonialisme ? Que devons-nous réapprendre pour cela ? En réponse à ces questions, l’auteur tente de montrer le chemin que nous avons à parcourir pour inventer un nouveau monde commun.

CATANI Maurizio, L’alphabétisation des travailleurs étrangers : une relation dominant-dominé, Tema Éditions, 1973, 386 p.

Formé à l’anthropologie et à l’ethnographie, Maurizio Catini nous propose ici une réflexion sur le problème de l’alphabétisation des travailleurs étrangers telle qu’elle était pratiquée dans les années 1960-70 par les formateurs et formatrices, et ce à travers leurs motivations, le pourquoi et le vécu de leurs pratiques. Il s’agit donc d’une analyse de l’idéologie véhiculée par la pédagogie mise en œuvre et par les structures mentales des formateurs et formatrices. Pour ce faire, il décrypte la dialectique entre l’engagement, le besoin de créer de la solidarité chez les formateur·rices et l’institution souvent très hiérarchisée, entre l’individu et le collectif. Il remet en cause les méthodes d’alphabétisation pratiquées à cette période.

En se nourrissant de sa longue expérience tant en Europe qu’en Afrique du Nord ou au Brésil, Maurizio Catani voit l’alphabétisation de son époque comme un moyen de maintenir les étrangers dans le giron d’une « idéologie productiviste » dominante, très éloignée des principes de l’éducation populaire. Il remet en cause les mythes qui nous animent, comme le mythe scolaire, propres aux sociétés productivistes. Il montre qu’il n’existe pas une culture d’émigré, ni une culture d’immigré. Chaque émigré-immigré garde des références issues de sa culture d’origine, le plus souvent constituées par des fragments de la culture folklorique de sa société locale d’origine et des sociétés locales dans lesquelles il est passé au cours de sa vie. Il ne s’agit jamais d’un patrimoine statique, il s’agit plutôt de références qui « se combinent de manière adéquate ou inadéquate » selon ce que le sujet intériorise à travers sa vie d’émigrant-immigrant. L’auteur s’interroge également sur l’enseignement du français aux travailleurs d’origine étrangère qui, parallèlement à leur assujettissement dans le monde du travail, se voient inconsciemment assujettis à une relation dominant-dominé dans leur rapport avec leurs formateur·rices.

Collectif d’Alphabétisation [de Paris], L’alphabétisation des travailleurs immigrés, François Maspero, 1975, 362 p.

Le Collectif d’Alphabétisation de Paris a promu une alphabétisation engagée, inscrite dans les luttes et se démarquant nettement d’autres pratiques qui avaient cours en France, à la même époque, l’alphabétisation au service des entreprises et l’alphabétisation à caractère humanitaire. L’objectif poursuivi était que les travailleurs immigrés s’inscrivent dans des luttes communes avec les travailleurs français contre l’exploitation et l’aliénation des masses. Ses membres se référaient à l’alphabétisation conscientisante de Paulo Freire mais critiquaient chez lui « l’idéal de liberté de l’homme, humaniste » qui ne permet pas de situer l’action d’alphabétisation dans une analyse globale, idéologique et politique, et de placer l’alphabétisation au centre de la lutte des classes.

Ce livre apporte une clarification politique et un approfondissement pédagogique par rapport à un précédent ouvrage du Collectif de Paris, Alphabétisation, pédagogie et luttes. Il ne prétend pas dispenser un savoir « tout prêt » mais refléter l’engagement politique et la pratique du Collectif. Il est donc destiné à être utilisé et remanié par les formateurs et formatrices en fonction de chaque situation nouvelle.

Il comprend deux volets indissolublement liés : « l’alphabétisation dans les luttes » et « outils pédagogiques ». La première présente un historique de l’accès à l’instruction conforme aux intérêts de la bourgeoisie et les luttes pour l’alphabétisation en France et dans le monde dans les années 1970. On y trouve également une analyse détaillée des méthodes pédagogiques utilisées par de nombreux organismes et dans divers pays pendant les premières années de l’alphabétisation (alphabétisation fonctionnelle, alphabétisation d’intégration, alphabétisation conscientisante, alphabétisation de lutte). La deuxième partie propose des outils pédagogiques pour mieux parler, lire et écrire le français, s’informer et discuter sur un certain nombre de problèmes et de questions de la vie quotidienne.

Mohamed El Baroudi, un « Fil Rouge » de 40 ans d’immigration marocaine à Bruxelles, CFS / Collectif Alpha / Lire et Écrire Bruxelles / CBAI / Bruxelles Laïque / Lire et Écrire Communauté française / Jeunesse maghrébine / FGTB Bruxelles, n°7-9, décembre 2007, 89 p., ep.cfsasbl.be/IMG/pdf/cahier7et8.pdf

À travers l’histoire de l’immigration marocaine, ce Cahier du Fil Rouge et le DVD qui l’accompagne rendent hommage à Mohamed El Baroudi, un exilé politique marocain qui a initié le Regroupement Démocratique Marocain (RDM), créé le Fonds de solidarité maghrébine, qui a lutté contre les amicales du pouvoir maghrébin qui contrôlaient l’immigration en Belgique et qui a contribué à créer les premiers cours d’alphabétisation dans une permanence syndicale de la FGTB dès 1969. Il s’agissait en même temps d’organiser les travailleurs immigrés pour la défense de leurs droits. Pour lui, il était important d’alphabétiser non seulement en français mais aussi en arabe pour garder le contact avec le pays d’origine, parce que c’est en reconnaissant leurs racines qu’ils pourraient développer une bonne image d’eux-mêmes et apprendre plus facilement le français. Il a également été à l’origine de la création d’un cours de langue et de culture arabe « pour tous les amis belges qui rendaient des services ». C’est toute une réflexion sur l’interculturel qui a émergé à ce moment et c’est de cette expérience qu’est né le Collectif Alpha de Bruxelles. Les propos de ce double document visent à susciter la réflexion et les débats dans les associations, notamment sur les valeurs qui ont poussé cet homme, ainsi que celles et ceux qui ont milité avec lui, à lutter contre l’analphabétisme, pour la laïcité politique, pour une école interculturelle, pour l’émancipation individuelle et collective, et pour la solidarité internationale et du monde du travail.

Centre de documentation du Collectif Alpha [de Bruxelles], Ligne du temps pédagogique de l’alphabétisation. Pistes bibliographiques, 2013, 23 p., www.cdoc-alpha.be/GED_BIZ/194376891255/ligne_du_temps_pedagogique.pdf

En 2013, les 40 ans du Collectif Alpha ont été l’occasion de faire un retour en arrière sur les grandes étapes qui ont marqué l’évolution de l’association, tant au niveau social et politique que pédagogique. Ce document reprend les différentes étapes qui ont émaillé le parcours des formateurs et militants en alpha au niveau pédagogique, depuis les débuts, où tout était à construire, jusqu’aux innovations et expériences mises en place, inspirées par la pratique de terrain. Une question de départ était : comment concilier vision politique et démarche pédagogique, alors que les méthodes existantes sont assez classiques ? Les formateurs et formatrices, en contact avec des groupes comme le CLAP (Comité de Liaison pour l’Alphabétisation et la Promotion), le GFEN (Groupe Français d’Éducation Nouvelle) ou Le Grain – Atelier de Pédagogie sociale, ont mené une réflexion sur l’éducation populaire, les contenus, les méthodes, la question du sens du déchiffrement, en passant de la syllabique à la globale. Ils et elles sont partis au Canada pour revenir avec des idées d’ateliers d’écriture et des contacts plein leurs carnets. S’en est suivi l’arrivée du « chef-d’œuvre », de la pédagogie du projet, des réseaux d’échanges de savoirs… Mais, au-delà de l’apprentissage technique, comment communiquer le gout de la langue écrite ? Comment travailler les transferts en dehors de la classe ? Avec l’aide des pédagogies cognitives, de la gestion mentale et de bien d’autres influences, l’histoire des recherches pédagogiques du Collectif Alpha nous montre comment diversifier nos approches tout en restant porteur d’un projet d’émancipation collective.

ARRIJS Omer, L’apprentissage du français de base aux travailleurs immigrés ne connaissant pas le français, École d’Alphabétisation Mons-Borinage, Cahier n°1, [fin des années 1970], 135 p.

Selon l’auteur, pour les apprenant·es ne connaissant pas du tout le français, la priorité est d’acquérir des moyens d’expression de base utiles pour la vie quotidienne, tout en partant de leur vécu pour analyser le réel et comme moyen d’action. Dès le départ, il pose la question « quel français voulons-nous leur apprendre ? ». Pour lui, c’est à la fois une langue qui leur permette d’exprimer leur vécu, leurs conditions d’exploitation, leurs luttes pour de meilleures conditions de vie, mais c’est aussi la langue de l’exploiteur afin de pouvoir lutter à armes égales contre la classe dominante. Par la suite, il explique les niveaux de langue et propose une progression dans leur acquisition, amène une distinction entre langage oral et écrit, et aborde les mécanismes et les pédagogies propres à chacun d’eux. Dès le début de l’apprentissage, Omer Arrijs prône d’entamer la conscientisation en partant du vécu des participant·es car, pour lui, la parole est toujours le reflet de rapports sociaux. Tout apprentissage de la parole ou de la langue est donc politique. La conscientisation demande une capacité à se situer, à exprimer son vécu et sa situation, ce qui constituera une base pour analyser plus tard les mécanismes sociaux. L’ouvrage propose un plan de travail d’ensemble, des exemples d‘apprentissages avec une suite de séquences sur différentes thématiques (identités, travail, école, chômage…) caractérisées par des codes linguistiques propres. Commencer avec des dessins, des sketchs, des dialogues est recommandé avant de passer à l’apprentissage de la langue écrite. Une progression est aussi proposée selon différents critères (du plus simple au plus difficile, du plus fréquent au plus rare, du plus utile au moins utile, etc.). Des fiches « apprenant·es » donnant des indications méthodologiques précises accompagnent l’ouvrage.

Oser l’approche conscientisante en alphabétisation populaire, in Le Monde alphabétique, RGPAQ, n°15, automne 2003, pp. 47-82, bv.cdeacf.ca/RA_PDF/mondealpha/ma15/ma15.pdf

En 2003, après plus de 20 ans d’existence, le RGPAQ (Regroupement des Groupes Populaires en Alphabétisation du Québec) était en pleine effervescence : une démarche était amorcée pour mettre à jour leur analyse sociopolitique de l’analphabétisme. Le dossier de ce numéro du Monde alphabétique, qui porte sur l’approche conscientisante de Paulo Freire, approche dont s’est inspiré le RGPAQ, se situe au cœur de cette réflexion collective. La conscientisation est polysémique, comment se mettre d’accord ?

Avant tout, le dossier rappelle qu’historiquement, pour Paulo Freire, les masses sont victimes d’une oppression culturelle, sociale et politique dont elles n’ont peu ou pas conscience, ou contre laquelle elles se sentent impuissantes à lutter. Cette oppression est, selon lui, la principale cause de l’analphabétisme. L’oppresseur domine la conscience des opprimés par de multiples moyens : mythification de la réalité, division des forces de contestation, manipulation de l’opinion et envahissement culturel. L’école publique est l’un des principaux lieux de reproduction de cette domination. L’alphabétisation en est l’outil libérateur pour autant qu’elle allie réflexion critique et action transformatrice de la réalité. Le dossier nous invite dès lors à relever le défi de l’alphabétisation conscientisante et à l’expérimenter au jour le jour, dans le feu de l’action, de la faire nôtre avec les participant·es. Et ce, tout en n’éludant pas les questions qui se posent et en ne se dispensant pas de chercher d’autres approches permettant également aux adultes objets de domination de devenir sujets à part entière, acteurs de changement.

Le dossier d’un précédent numéro du Monde alphabétique était déjà consacré à la conscientisation : Où en est l’aphabétisation conscientisante au Québec ?, n°3, printemps-été 1992, pp. 31-46, bv.cdeacf.ca/RA_PDF/mondealpha/ma3/ma3.pdf

FONTAINE Marie, VERSCHAEREN Bénédicte, La lessive. Recueillir des témoignages au sein d’un groupe en alphabétisation, Collectif Alpha, 2019, 28 p., www.cdoc-alpha.be/GED_BIZ/194125791230/dossier-la_lessive.pdf

Ce dossier pédagogique détaille une démarche réalisée par le Collectif Alpha de Molenbeek autour du thème de la lessive. S’il peut sembler banal au premier abord, ce thème touche à de nombreux aspects de notre quotidien, mais aussi à des questions plus globales liées au fonctionnement de notre société, ici et ailleurs, aujourd’hui et par le passé (temps, genre, économie, écologie…).

La démarche a été réalisée dans le cadre d’une exposition, Prélavage, organisée en 2017 par l’asbl La Fonderie afin de recueillir des témoignages et des souvenirs d’habitant·es, ensuite valorisés dans une seconde exposition, Derrière le hublot, la lessive d’hier à demain, trois ans plus tard.

Pour introduire le thème, l’album jeunesse La révolte de lavandières7 a été travaillé dans les différents groupes d’apprenant·es, en introduction et en parallèle à la récolte de récits visant à alimenter l’exposition. La plupart des activités présentées dans cette partie du dossier mettent l’accent sur la formulation et la vérification d’hypothèses.

La récolte de récits a quant à elle permis la prise de parole et l’écoute de tou·tes par tou·tes, la mise en avant d’éléments historiques et de problématiques contemporaines. Mais aussi de faire des liens intéressants avec la lecture de l’album au niveau des concepts abordés, du contexte historique et du développement du champ lexical. Les discussions entre les apprenant·es ont par ailleurs permis de faire émerger leurs préoccupations sur la surconsommation électrique, le surdosage de produit lessiviel ainsi que divers questionnements en lien avec l’environnement et la santé.

CARNEVALE Eduardo, Le cauchemar de Darwin, Collectif Alpha, 2008, www.cdoc-alpha.be/GED_BIZ/191180291936/Cauchemar_Darwin.pdf

Visionner un documentaire est l’occasion de poser des balises, de se distancier du vécu pour entrevoir une autre réalité, entrouvrir des portes, élargir ses horizons. Ainsi, le point de départ de la réalisation de cette mallette pédagogique est un film documentaire, Le cauchemar de Darwin, du cinéaste Hubert Sauper, sorti en 2005. Ce film porte sur la mondialisation et ses conséquences à partir de l’exemple de l’introduction de la perche du Nil dans le lac Victoria en Afrique de l’Est, à des fins d’exportation vers les pays du Nord.8

Deux démarches sont présentées dans cette mallette. L’une, intitulée De la perche du Nil à la mondialisation, a été mise en œuvre au centre de Forest du Collectif Alpha8. L’autre est un dossier pédagogique réalisé par le Centre culturel Les Grignoux de Liège. Ce dossier propose, d’une
part, de dégager le propos du film et les méthodes utilisées par le réalisateur et, d’autre part, d’analyser les déséquilibres économiques et les actions internationales, notamment pour tenter de réduire la pauvreté. Destinée à des étudiants de la fin du secondaire et du supérieur, cette seconde démarche, contrairement à la précédente, nécessite une adaptation pour être mise en œuvre avec un public alpha.

Les deux démarches faisant référence à une activité sur le partage des richesses imaginée par ITECO, cette mallette contient également une présentation d’outils pédagogiques conçus par l’ONG sur la question des relations Nord-Sud.

PICARD Louise et ST-CERNY Anne, Guide sur la gestion démocratique dans un groupe populaire en alphabétisation, RGPAQ, 2006, 241 p., bv.cdeacf.ca/RA_PDF/96593.pdf

Ce guide a été rédigé en lien avec une formation offerte en 2004-2005 aux membres du RGPAQ par Relais-femmes, un organisme féministe de formation, de recherche et de concertation. Les objectifs de cette formation étaient les suivants : réfléchir sur les différents aspects de la gestion en lien avec les valeurs, la philosophie et les principes portés par les groupes populaires d’alphabétisation ; outiller les personnes qui participent à la formation pour qu’elles puissent se doter d’une gestion démocratique dans leur groupe.

Le guide se compose de cinq sections : La gestion démocratique, c’est quoi ? ; La gestion démocratique d’un groupe populaire en alphabétisation, c’est quoi ? ; Pour la gestion, comment on s’y prend ? ; Pour le financement et les conditions de travail, comment on s’y prend ? ; La démocratie au cœur des structures d’un groupe populaire en alphabétisation. Ajoutons qu’il porte bien son nom puisque non seulement il permet au lecteur, à la lectrice de comprendre les concepts abordés mais propose également des pistes de mises en œuvre. Par exemple, pour la section 2, il s’attarde sur le lien entre valeur, idéologie et norme au travers de concepts théoriques, puis, à l’aide d’« exercices », invite les groupes à s’approprier la Déclaration de principes du RGPAQ, à voir comment elle s’applique dans leur organisme.


  1. Voir : CARTON Luc, De l’éducation permanente à l’éducation populaire ?, Propos recueillis auprès de Luc CARTON par Florence DARVILLE et publiés dans Secouez-vous les idées, repris dans le Journal de l’alpha, n°159, juillet-aout 2007, pp. 24-29, www.lire-et-ecrire.be/ja159
  2. Ce sont d’ailleurs des organisations immigrées qui, dès 1975, ont exigé une alphabétisation complètement désinféodée des intérêts patronaux.
  3. Regroupement des Groupes Populaires en Alphabétisation du Québec.
  4. La plupart téléchargeables sur le site du CDÉACF (Centre de Documentation sur l’Éducation des Adultes et la Condition Féminine) : cdeacf.ca
  5. Voir : NOSSENT Jean-Pierre, À propos de l’Éducation populaire. Le peuple serait-il devenu impopulaire et l’éducation populaire ringarde ?, IHOES, 2007, www.ihoes.be/PDF/Jean-Pierre_Nossent_Education_populaire.pdf
  6. MAUREL Christian, p. 27 du présent ouvrage de Frank Lepage.
  7. YEOMAN John, BLAKE Quentin, La révolte de lavandières, Gallimard, 1980. En prêt à notre centre de documentation.
  8. Voir : ADAM Patrick, BERGHMANS Lucien, De la perche du Nil à la mondialisation, in Journal de l’alpha, n°151, Travailler les relations Nord-Sud en alpha, février-mars 2006, pp. 11-15, www.lire-et-ecrire.be/ja151

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