Sélection bibliographique

Aline Jacques, Centre de documentation pour l’alphabétisation
et l’éducation populaire du Collectif Alpha

« Nous serons attentifs à souligner les ancrages et les zones sensibles de nos conditionnements, en particulier ceux qui peuvent alimenter les malentendus, les dissonances, les perceptions d’étrangeté et les difficultés d’adaptation. Nous éviterons de figer nos observations, au risque de les transformer en catalogues de stéréotypes nuisibles. »1

En santé et bienêtre comme dans d’autres domaines essentiels, la reconnaissance de la particularité des vécus passe par une prise en compte de l’inconscient à l’œuvre dans les rapports. En alphabétisation populaire également, l’apprentissage nécessite une prise de conscience critique de la particularité du vécu de chacun·e. Cette sélection bibliographique commence par une réflexion autour des projections et transferts intrinsèques à la relation « formateur·rice-apprenant·e ». L’ethnologue François Laplantine nous convie d’abord à la prudence quant aux interprétations rapides, eurocentrées, sur ce qui provoque les maladies, sur les causes, les origines et les fondements de comportements que nous considérons comme « anormaux ». L’ethnopsychiatrie peut nous aider à comprendre les rapports entre les conduites psychopathologiques de certain·e·s apprenant·e·s et les cultures dans lesquelles ces dernier·ère·s s’inscrivent. Cette discipline nous invite à nous décentrer, à coconstruire des interprétations, pour ne pas transposer notre approche occidentale monodisciplinaire de la santé, issue de découpages empiriques toujours idéologiques, sur un « phénomène social total ». La linguiste Sybille de Pury s’intéresse au versant linguistique des échanges entre patient·e·s et corps médical. Elle ne se contente pas d’une traduction pour « reproduire le ’même’ discours dans une autre langue (‘traduire, c’est redire’), mais elle travaille sur une traduction plus active et coconstruite (‘traduire, c’est dire’ ensemble) et s’en sert comme porte d’accès à la culture du.de la patient·e. Avec le numéro Santé mentale et pandémie de la revue Pratiques en santé mentale, les auteurs questionnent le sentiment universel d’isolement, de la peur de la contamination, et de la sensation de perte de sens liée au confinement. Ce livre témoigne de stratégies d’adaptation vécues dans divers milieux à travers des retours d’expériences d’une grande créativité, de solidarité, de gouvernance plus participative, de capacité soudaine d’autonomie de personnes perçues avant la crise comme dépendantes. D’ailleurs, cette perception serait-elle déformée par ce que nous y projetons ? Contemporaine de la psychothérapie institutionnelle et coconstruite avec elle, la pédagogie institutionnelle porte une attention particulière à ce qui s’opère autour des phénomènes de transfert. Phénomènes courants dans une classe, qui sidèrent, qui immobilisent dans des pièges narcissiques et des « identifications aliénantes », nous apprend Francis Imbert, et empêchent la reconnaissance du vécu de « l’autre ». La pédagogie institutionnelle interroge également le cadre : rappelons-nous avec Régis Gaudet qu’« il faut soigner l’hôpital pour soigner les malades »2. Dans son ouvrage, il analyse entre autres la manière dont la parole circule dans les institutions et tente de comprendre comment organiser un corps institutionnel « soignant ». Attardons-nous enfin sur quelques outils-animations « santé » à travers le travail de fin d’études de Nadia Toungouz qui traite de démarches à destination de femmes apprenantes qu’elle a menées dans des écoles primaires à Bruxelles (Forest). Avec Cultures&Santé ensuite, pour qui la littératie en santé3, c’est aussi de mener des actions émancipatrices. Fruit d’un travail de longue haleine suivi par un comité de professionnels de la santé et de l’alpha, leur guide contient 11 animations testées dans des ateliers-laboratoires. Toujours avec Cultures&Santé et leur guide d’animation Covid-19 : Discutons vaccination, tentons de répondre à un besoin conjoncturel d’expression et d’information sur la vaccination et sur les enjeux de santé et de société soulevés par la crise sanitaire. Le guide apporte des repères pédagogiques et propose des pistes d’animations à mener en collectif ou en individuel. Les animations qui se trouvent dans la mallette Bienvenue en Belgique : Santé de Lire et Écrire invitent le formateur et la formatrice à devenir des guides, à accepter de perdre leur rôle central pour susciter des échanges, témoigner, comparer les habitudes de vie, les traditions et les institutions en vigueur dans les pays d’origine des participant·e·s. Nous terminerons avec une bonne remise en forme grâce au projet de Prémisse asbl, du CIDJ et Centre Alpha Anderlecht et à une brochure créée en 2019 par des apprenant·e·s autour du thème de la santé après un travail collectif de recherche et de sensibilisation.

LAPLANTINE François, L’ethnopsychiatrie, PUF, 1988, 117 p.

En ethnopsychiatrie, qualifiée aussi de « psychologie des peuples », on s’accorde à penser qu’aucune société n’a de pouvoir directement pathogène. Une société produit cependant des modèles, donne des indications, et l’individu suit d’une manière préférentielle certains processus de décompensation pathologique plutôt que d’autres. Si l’identité des tableaux cliniques dans leur structure et leur économie (ce qui peut être repéré par n’importe quel psychiatre) est avérée, la différence quant à leur fréquence, leurs contenus, et la manière dont ils sont perçus et tolérés est bien notable. Selon l’auteur, il apparait irréfutable qu’il y a moins de différences entre les pathologies du même type, repérées dans diverses sociétés, qu’entre les conduites de ceux qui ne souffrent pas de troubles psychopathologiques, pour lesquels la variation est cette fois infinie4. Bien que l’ethnopsychiatrie tende à repérer certains disfonctionnements corrélatifs à la culture elle-même (culture trop coercitive par exemple), elle met aussi en évidence l’épreuve créée par les discontinuités culturelles trop importantes et par des ruptures entre les temporalités antagonistes qui sont supportées par les uns mais auxquels d’autres n’arrivent pas à s’adapter5. L’économique, le politique, le parental, le religieux, le médical, le psychiatrique sont des découpages commandés par des catégories propres à nos seules sociétés. Comment ne pas transposer ailleurs que chez nous nos propres présupposés ethnocentriques sur la nature du religieux, du politique, du médical etc.

de PURY Sybille, Comment on dit dans ta langue ? Pratiques ethno-psychiatriques, Les Empêcheurs de Penser en Rond, 2005, 136 p.

L’éducation populaire à la santé défend une conception de la santé où « un homme instruit et humble consulte la famille du malade pour coconstruire un savoir nulle part écrit dans les références les plus scientifiques »6. Par l’accompagnement, le professionnel de santé et le patient dialoguent, coconstruisent les savoirs et ensemble, luttent contre la maladie, mais aussi contre l’exclusion. Il s’agit d’une vision globale de la santé qui prône une participation des publics concernés. Vous trouverez dans ce livre de Sybille de Pury, linguiste au CNRS, une réflexion intéressante sur le rôle de la traduction face à un public alpha-FLE qui tente de s’exprimer sur son état de santé. Elle montre que la diversité des langues et le passage obligé par la traduction, loin de générer de l’incompréhension, constituent au contraire un levier précieux pour échanger avec l’autre. Comment appréhender les différentes représentations qui se manifestent à travers les langues ? Le dialogue entre les cultures devient possible comme exploration réciproque des mondes. De la friction entre plusieurs langues émerge alors un tout matériel psychique et culturel qui serait resté inaccessible à travers la seule utilisation du français. Il s’agit de parler la langue mais également de parler de la langue en impliquant l’apprenant·e dans la cocompréhension des nuances issues des cultures différentes. Ne pas dire « comment on dit dans ta langue ? », ne pas traduire pour dire la même chose, mais plutôt « dans cette situation qu’est-ce que tu dirais dans ta langue ? »… L’intérêt est de faire sortir des énoncés inattendus et de rendre visible des concepts propres à une culture qui ont un impact sur l’état de santé d’une personne. C’est toute une compréhension du monde et de l’autre qui se transmet à travers la discussion autour de la traduction. La traduction est active, elle produit de l’interaction et permet de la médiation.

Revue Pratiques en Santé Mentale, Santé mentale et pandémie, Champ social, 2021, 92 p.

Les inégalités d’accès aux soins et aux accompagnements, liées à l’hétérogénéité des moyens et des pratiques, ont une nouvelle fois été mises en lumière pendant cette pandémie. En alphabétisation comme dans tous milieux étudiants, l’apprentissage, période normalement riche d’une expérience collective d’échange de savoirs et de pratiques, s’est trouvé confiné, contraint au passage au « tout » numérique généralisé. Avec ou sans fracture numérique, cette situation a été source de stress énorme à travers une perte des repères du quotidien. Les stratégies de défense centrées sur « l’élimination du problème » sont impuissantes face à un problème que l’on ne peut éliminer – comme une pandémie. Dans ce cas-ci, nous avons vu se mettre en place des stratégies d’adaptation pour « changer la perception de la menace », maintenir l’estime de soi et garder une capacité productive… Ce livre, à travers différents récits issus d’universités, d’associations ou d’établissements de santé mentale, nous parle d’organisations et de services qui ont démontré leur capacité d’adaptation et de remise en question des cadres et organisations préétablis malgré les mesures sanitaires porteuses de restriction des libertés individuelles. Des initiatives allant dans le sens d’une mobilité, d’une réactivité et d’une individualisation plus grandes des réponses, ont été développées. La situation de crise a pu, ici ou là, susciter une dynamique et une créativité qui ont bousculé la chronicisation dans laquelle a tendance à s’installer inévitablement toute institution. On peut même aller jusqu’à penser que, dans certains cas, des équipes ont redécouvert une certaine militance, base de nombreuses évolutions récentes dans le domaine de la santé. Il s’agit désormais de mettre en valeur et de conforter ces découvertes.

IMBERT Francis, L’inconscient dans la classe. Transferts et contretransferts, ESF, Groupe de recherche en Pédagogie Institutionnelle, 2005, 210 p.

L’auteur nous offre un recueil de monographies où chaque histoire nous donne une lecture particulière d’une situation de blocage dans une classe. Comment un·e formateur·rice se retrouve coincé·e dans un conflit dont la résolution est rendue impossible par une trop grande similitude avec sa propre histoire ? Comment une tierce personne parvient à dénouer, même par « hasard », telle situation-problème avec des outils ou dispositifs qui se trouvaient pourtant juste devant les yeux des protagonistes ? Les pratiques pédagogiques se réclament souvent de la rationalité et espèrent ainsi faire la clarté sur ce qui se passe dans la classe à l’aide d’outils strictement didactiques et de méthodes capables de prescrire ce qui va « marcher à coup sûr ». Un pas de plus et on affirme que tout, en elles, doit tendre au statut de science. En réalité, les pratiques pédagogiques, à l’instar des pratiques thérapeutiques ou politiques, mobilisent des forces qui sont irréductibles à toute approche rationnelle et que le formateur et la formatrice doivent reconnaitre pour ne pas être emporté·e·s par elles à leur insu. Un constat déjà effectué par Fernand Oury et Aïda Vasquez : « Reconnu ou nié, l’inconscient est dans la classe et parle. Mieux vaut l’entendre que le subir. »7 Les auteur·e·s se proposent de repérer les effets de cet inconscient dans le jeu des transferts et des contretransferts que mobilise la relation pédagogique. Une trentaine de courtes monographies issues du GRPI8 tente d’éclairer ces répétitions transférentielles, sources de tensions et de souffrances pour les enseignants et les personnes en apprentissage. Mais ces situations sont aussi des occasions d’ouverture et de (re)naissance qu’il faut apprendre à reconnaitre et à saisir. En alphabétisation des adultes aussi, la situation pédagogique est un « accélérateur d’inconscient ». Les confrontations avec les apprenant·e·s tendent à faire « remonter » chez les formateur·rice·s leur propre relation à l’apprentissage, y compris les angoisses et les révoltes, les passions et les haines.

GAUDET Régis, Des institutions et des hommes, Champ social, 2021, 221 p.

Directeur d’établissements sociaux et médicosociaux durant plus de trente ans, l’auteur prend appui sur cette expérience qu’il analyse pour nous proposer sa vision de l’institution et une actualité de ce secteur professionnel avec ses pratiques, ses innovations, ses risques et ses espoirs. En référence à la psychanalyse, à la psychothérapie institutionnelle et à la psychosociologie, il interroge les fonctions de l’institution : comment peut-on y faire vivre le récit des professionnels, comment travailler les questions du transfert, de l’identification, et organiser des constellations contretransférentielles ? Il essaye de comprendre d’où vient cette vague managériale néolibérale qui, en l’espace de six ou sept ans, a complètement modifié les modalités de gestion des associations dans leur rapport à l’état et l’institution. Il raconte comment il a tenté de donner du sens à des procédures chronophages qui n’en ont pas, procédures sécuritaires, procédures d’évaluation internes des personnes et comment éviter d’en faire une norme. Le New Public Management a segmenté les secteurs et créé des enveloppes globales avec des prédictions sur cinq ans entrainant l’apparition de centres de gestion centralisés, l’éclatement des collectifs, l’arrivée d’injonctions hiérarchisées avec tous les effets de résistance, du repli et du désengagement, de burnout qui en découlent. Récit d’une vision humaniste de l’organisation du travail d’accompagnement et de soin, cet ouvrage est un travail de mémoire destiné à tout travailleur social qui souhaite construire du sens pour sa pratique professionnelle. Les hommes et les femmes qui travaillent ensemble dans des lieux ne sont pas des marchandises. Cet ouvrage prolonge également cette réflexion menée au sein du secteur associatif belge11 – plus encore depuis l’assimilation des asbl au code des sociétés10. C’est un beau support à la réflexion : quelle culture institutionnelle pour l’alphabétisation populaire ?   

TOUNGOUZ NEVESSIGNSKY Nadia, Education à la santé et alphabétisation : deux combats parallèles, Institut Lallemand, 2001, 106 p.

L’autrice, après avoir initialement effectué trois années d’études en médecine, s’est réorientée vers un cursus en éducation spécialisée et est devenue formatrice au Collectif Alpha, où elle travaille depuis plus de 20 ans. Dans son travail de fin d’études à l’Institut Lallemand en tant qu’éducatrice spécialisée, elle développe une réflexion sur la promotion à la santé en deux volets, théorique et pratique. Dans la première partie, elle s’interroge sur les conséquences de l’illettrisme sur la santé et l’éducation à la santé. Quels sont les rôles et les spécificités des formateurs et des formatrices par rapport au personnel soignant spécialisé ? Quels sont les systèmes de représentation des apprenant·e·s ? À quoi porter une attention particulière pour bien réussir une séance d’éducation à la santé ? Elle propose une démarche basée sur sa propre expérience qui prend comme points d’appui les attentes des participant·e·s. Elle intègre des témoignages, s’appuie sur la complicité des apprenant·e·s, toujours en dialogue, pour coconstruire son étude. Dans la deuxième partie, avec l’aide pédagogique et didactique adaptée de Cultures & Santé, elle explique son expérience de stage en tant qu’éducatrice à la santé et ensuite formatrice au Collectif Alpha. Elle passe en revue la démarche, la méthodologie, elle recueille les caractéristiques de son public, les impressions de celui-ci quant au vécu des séances d’apprentissages et aux transferts dans la vie quotidienne. Favoriser l’expression est centrale dans sa démarche. Elle sert d’appui à l’appréhension des diverses dimensions de la santé, aux informations théoriques et à leur décodage dans un but de prévention, en amenant les participant·e·s à devenir des personnes relais au sein de leurs familles et de leurs communautés.

Cultures&Santé, La Littératie en santé, d’un concept à la pratique : guide d’animation, 2016, 86 p., www.cultures-sante.be/nos-outils/outils-promotion-sante/item/417-la-litteratie-en-sante-d-un-concept-a-la-pratique-guide-d-animation.html

Qu’est-ce que la littératie en santé ? Cette notion, que l’on entend de plus en plus, renvoie à ce qui se joue entre les individus et les informations utiles pour leur santé. S’informer pour agir en faveur de sa santé et de celle de ses proches requiert la mobilisation de nombreuses capacités : lire, écrire et calculer, mais aussi communiquer, résoudre des problèmes, évaluer et trier les renseignements trouvés. À cela s’ajoutent de nombreux défis : la profusion des informations disponibles et leurs éventuelles contradictions, la complexité des systèmes sociaux et de santé, les conditions de vie ne permettant pas toujours de se conformer aux recommandations véhiculées.

Ce guide permet de mettre en place des stratégies pour améliorer l’accès à l’information, de lever des freins à l’application des informations transmises. Il s’agit d’une approche collective de la littératie en santé. Le guide permet de travailler la littératie en santé avec un groupe de personnes pour aller au-delà de la seule transmission d’informations « santé », à renforcer les capacités des personnes à se saisir de ces informations et à les appliquer en tenant compte de leur environnement particulier, à réfléchir ensemble aux contextes de vie facilitant l’application d’une information et, pourquoi pas, les modifier. Composé de deux parties, le guide offre des repères pour comprendre ce que recouvre ce concept (partie 1) et 11 pistes d’animation à utiliser avec un groupe (partie 2). Il est le résultat d’un travail de recherche de près de deux ans et d’expérimentations avec deux groupes d’adultes du CPAS de Saint-Gilles et de l’asbl La Bobine (Liège). Il est illustré d’exemples concrets et de schémas permettant une appropriation plus facile des éléments présentés.

Cultures&Santé, Covid-19 : Discutons vaccination (guide d’animation), 2021, www.cultures-sante.be/nos-outils/outils-promotion-sante/item/594-covid-19-discutons-vaccination.html

Comment fonctionne un vaccin ? Pourquoi se faire vacciner contre le Covid-19 ? Suis-je obligé·e de me faire vacciner ? Puis-je choisir mon vaccin ? Comment ça se passe concrètement ? Quels sont les risques ? Est-ce que je pourrai reprendre un vie « normale » une fois vacciné·e ? Quels enjeux de société soulève la vaccination ?

Ce guide a été réalisé en collaboration avec Question Santé11. Il offre des repères pédagogiques pour mener en petits groupes, en entretien individuel ou en équipe, une discussion et une réflexion sur le vaccin contre le Covid-19. Il vise à informer de manière claire et adaptée et à outiller l’esprit critique. Des ressources complémentaires sont également proposées pour soutenir l’animateur·rice dans son intervention. Les pistes d’animation permettent d’appréhender le mécanisme de la vaccination, puis les spécifi-cités de celle contre le Covid-19, de questionner les représentations – freins et leviers liés à la vaccination –, d’ouvrir la discussion sur les enjeux de société en lien avec la vaccination, de discuter avec le groupe sur l’animation (piste évaluative). Deux pistes complémentaires permettent d’aborder la question de l’information. Des illustrations et des photos sont également proposées comme supports à certaines pistes d’animation, pour soutenir la discussion sur la vaccination et sur les enjeux de société qu’elle soulève. L’animation permet aux participant·e·s de s’informer  d’exprimer leur ressenti, de renforcer leurs ressources psychosociales leur permettant d’analyser de manière critique les enjeux, de faire des choix éclairés et d’identifier des ressources en lien avec le sujet.

Prémisse asbl / CIDJ / Centre Alpha Anderlecht (Lire et Écrire Bruxelles), Avoir la pêche, Corps-Accord ?, 2019, 25 p.

Avoir la pêche est une brochure créée par des apprenant·e·s dans le cadre d’un projet entre plusieurs associations. C’est un bel exemple de mise en pratique d’apprentissages en lien avec la santé. Il fait partie du projet de promotion de la santé Corps-Accords ? subsidié par la CoCof. Il permet aux participants en situation d’illettrisme ou d’analphabétisme de participer à un cycle d’animations pour être « auteurs » d’un projet santé. Réalisée avec les apprenants du Centre Alpha d’Anderlecht, en collaboration avec le CIDJ (Centre d’Information et de Documentation Jeunes, spécialisé en création d’outils pédagogiques) et Prémisse asbl (aide sociojuridique spécialisée dans le secteur de la santé), cette brochure permet de travailler collectivement, positivement et transversalement la notion de santé au départ des besoins exprimés. Le projet met en valeur les auteur·rices, part de leurs représentations, de leurs choix, de leurs perceptions. Il s’agit aussi de questionner la société : promouvoir le bienêtre, l’alimentation et l’activité physique, et favoriser la construction d’actions collectives. Le tout avec l’objectif de réduire les inégalités sociales en santé. La brochure est le résultat d’un travail mené sur six mois. Le groupe Corps-Accords ? d’Anderlecht en parle lui-même : « Ce projet nous a permis de développer nos compétences : en santé, en informatique, en cuisine, en lecture, écriture, en calcul, en photo… Nous sommes ‘auteurs’ de ce livre et un peu plus de notre santé. Parler, lire, écrire, comprendre est important. C’est un livre/des outils avec des idées importantes que l’on a envie de partager avec d’autres. Comprendre la santé, trouver des pistes pour se sentir mieux et partager nos désirs pour la suite. »12 

Lire et Écrire Communauté française, Bienvenue en Belgique : Santé [mallette], 2013, https://lire-et-ecrire.be/Sante

Cette mallette propose aux formateurs et aux formatrices des démarches structurées, accompagnées des supports nécessaires à la réalisation d’animations qui ont pour objectifs d’aider les primo-arrivants analphabètes ou peu scolarisés à découvrir leur nouveau lieu de vie, à se débrouiller dans leur vie quotidienne, à accéder à l’information et à comprendre les modes de fonctionnement de notre société. Elle fait partie d’une série de huit mallettes intitulées Bienvenue en Belgique, pensées sur base de matières définies par le CIRE13. Les démarches prennent en compte l’hétérogénéité des publics présents du point de vue du niveau scolaire, du contexte socioculturel et des modes d’apprentissages. Les participant·e·s sont acteurs et actrices de leur apprentissage et construisent leurs propres compétences. Il est très peu fait appel à la lecture mais les apprenant·e·s doivent être capable de s’exprimer un minimum oralement en français. On y trouve des activités facilitant l’émergence des représentations autour de la santé, des activités permettant de mieux comprendre l’organisation des soins de santé en Belgique, des informations sur le rôle des mutuelles, mais aussi des activités pour connaitre mieux son propre quartier et se situer localement afin de reconnaitre les lieux de références en santé de proximité. Une partie de la mallette est centrée sur le lien parent-enfant et de tout ce que cela implique au niveau de la santé : suivi médical, congés parentaux…, le tout accompagné de schémas, de pictogrammes et d’une variété de supports didactiques pour que chaque personne puisse mobiliser ses canaux d’apprentissages privilégiés. On y trouve également un ensemble d’informations sur les démarches administratives à effectuer.


  1. CRUTZEN Danièle, Interculturel 2 : la décentration en tant que posture professionnelle, CDGAI, 2015, http://docs.wixstatic.com/ugd/08846d_013e79282eee402489d6f462fb7223f3.pdf
  2. Cette affirmation trouvant son origine dans les travaux de Hermann Simon (1867-1947), c’est Tosquelles, arrivant à Saint-Alban en pleine seconde guerre mondiale et fuyant le franquisme, qui diffusa en premier les idées du psychiatre allemand.
  3. Capacité d’accéder, de comprendre, d’évaluer et d’appliquer l’information de manière à promouvoir, à maintenir et à améliorer sa santé et celle de son entourage dans divers milieux au cours de la vie.
  4. LAPLANTINE François, L’ethnopsychiatrie, PUF, 1988, p .33.
  5. Ibid., p. 35.
  6. [PIERDOMENICO Isabelle, Education populaire à la santé. A la favela de Joao Passoa et… ailleurs !, in Journal de l’alpha, n°164, Alpha et santé, juin 2008, p. 9, https://lire-et-ecrire.be/Journal-de-l-alpha-164-Alpha-et-sante
  7. VASQUEZ Aïda ; OURY Fernand, De la classe coopérative à la pédagogie institutionnelle, Maspero, 1974, p. 689. Les auteur·rice·s y décrivent les trois dimensions que doit traverser l’analyse du milieu éducatif en pédagogie institutionnelle : la dimension matérialiste, sociologique et psychanalytique.
  8. Groupe de recherche en pédagogie institutionnelle.
  9. Le Collectif 21 regroupe des associations et des fédérations soucieuses de réfléchir, sensibiliser et mobiliser autour de la spécificité, de la légitimité et de la nécessité du fait associatif en Belgique.
  10. Voir : VANWELDE Mathieu, Que penser du nouveau code des sociétés et des associations ?, Solidarité des alternatives wallonnes et bruxelloises, 2019, https://www.cdoc-alpha.b/ListRecord.htm?list=linkxRecord=19124196157919423789
  11. L’asbl Question Santé est un acteur reconnu dans le domaine de la santé, en matière d’information,d’éducation, d’animation, de gestion de projet et de communication.
  12. Avoir la pêche, Prémisse asbl / CIDJ / Centre Alpha Anderlecht (Lire et Écrire Bruxelles), 2019, p.4, https://www.cidj.be/wp-content/uploads/2019/06/brochure-corps-accords.pdf
  13. Coordination et initiatives pour réfugiés et étrangers. http://www.cire.be     


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