Sélection bibliographique

Eduardo Carnevale, Centre de documentation pour l’alphabétisation et l’éducation populaire du Collectif Alpha

Comme le dit Paulo Freire, « la nature de la pratique éducative, sa nécessité de finalité, les objectifs, les rêves qui en découlent interdisent sa neutralité. La pratique éducative est toujours politique. (…) La question se pose alors de savoir quel type de savoir, quel type de politique, en faveur de quoi et de qui, contre quoi et contre qui elle est dirigée. »1 Ainsi « toute action éducative doit être précédée d’une réflexion et d’une analyse sur l’homme et sur le milieu de vie concret où il s’insère. »2

Cette sélection va essayer à travers un choix de documents (éminemment subjectif) de donner des pistes de réflexion à la fois méthodologiques et conceptuelles ainsi que des exemples de pratiques pouvant nourrir une analyse critique de la société dans le cadre de l’alphabétisation populaire.

Nous débuterons donc avec le livre de Saïd Bouamama Des classes dangereuses à l’ennemi intérieur. Cette brillante analyse montre que pour comprendre les questions de l’immigration et les problématiques des quartiers populaires, il est nécessaire de recourir à une sociologie qui permet un traitement matérialiste des rapports sociaux. Cette approche conduit à une perception globale et pertinente des phénomènes sociaux taillant en pièce les conceptions essentialistes (« Le racisme a toujours existé et existera toujours », par exemple) ou culturalistes (du type « Les problèmes sociaux dans les quartiers populaires s’expliquent par des modèles familiaux très éloignés du modèle occidental »). La force de cet ouvrage est qu’il n’est pas seulement une illustration de l’efficacité d’une sociologie militante mais qu’il apporte des clés de compréhension et d’action concrète sur des sujets qui touchent au premier plan l’ensemble de nos apprenants. Les trois références qui suivent vont également dans le sens de nourrir une analyse globale de la société. Il s’agit de faire le lien avec des pratiques sociales et politiques proposant une alternative à l’injustice et à la domination comme dans le livre d’Olivier Bonfond Il faut tuer TINA, ou de se nourrir de concepts et de méthodologie comme dans l’ouvrage L’histoire comme émancipation. La troisième de ces références, Petit manuel critique d’éducation aux médias, nous outille pour affronter une des principales machines à produire et à maintenir l’idéologie dominante, la machine médiatique.

Ensuite, l’ouvrage Éducation populaire : la puissance de penser, le pouvoir d’agir illustre de manière concrète une méthode fondamentale de l’éducation populaire, l’entrainement mental. Peuple et Culture Wallonie-Bruxelles l’ont appliquée pour conduire une autoanalyse critique réflexive afin de se situer et d’évoluer comme acteur de l’éducation permanente.

Les deux documents suivants abordent la question de l’analyse de la société sous l’angle de la conscientisation. Ainsi le dossier des carnets pédagogiques d’ITECO évoque l’éducation populaire au développement basée sur la pensée et l’action de Paulo Freire alors que le livre Théorie et pratique de conscientisation au Québec décrit quelques expériences de conscientisation au sein d’associations québécoises.

Avant de conclure cette sélection avec une dernière référence, nous proposons deux démarches d’alphabétisation politique, parmi d’autres, à réaliser avec des apprenants. La première, élaborée au sein du Collectif Alpha, envisage à travers la question des élections comment les différents droits, politiques, économiques et sociaux, ont été acquis grâce aux luttes collectives du mouvement ouvrier et des différentes organisations politiques progressistes. La seconde, proposée par Latitude Jeunes, se présente sous la forme d’un jeu sur la sécurité sociale qui amène les participants à réfléchir à ses fondements et, partant, à leur choix de valeurs et au type de rapports sociaux qu’ils souhaitent mettre en œuvre dans la société.

Enfin, nous terminons avec le Petit manuel de discussions politiques, outil qui sera bien utile pour échanger sur nos analyses critiques et produire du sens collectivement.

Saïd BOUAMAMA, Des classes dangereuses à l’ennemi intérieur. Capitalisme, immigrations, racisme, Syllepse, 2021, 685 p.

Les questions liées à l’immigration et aux quartiers populaires sont au cœur de la bataille pour l’hégémonie culturelle lancée par la classe dominante depuis le tournant ultralibéral de la décennie 1980. Cette offensive prend en premier lieu la forme de la diffusion de « nouvelles théories » – grand remplacement, choc des civilisations, crise migratoire – dont le point commun est d’acclimater l’opinion publique à une approche culturaliste des faits sociaux et ainsi d’invisibiliser les causes sociales et économiques de réalités données. Elle se concrétise, en second lieu, par des discours polémiques, dont le double point commun est la production d’une peur sociale, d’une part, et la désignation d’un ennemi porteur d’un péril pour notre sécurité, pour l’Occident, pour la laïcité, pour le droit des femmes, etc., d’autre part.

Le projet du livre est de contribuer à la riposte contre cette interprétation fallacieuse de l’histoire et du présent. Il s’agit d’abord de resituer les questions dans leurs véritables cadres – historiques, économiques, politiques. Ensuite, par un travail d’analyse critique, l’auteur déconstruit les principales polémiques initiées par les idéologues des classes dominantes : intégration et assimilation, seuil de tolérance, communautarisme et séparatisme, islamo-gauchisme, etc.

Olivier BONFOND, Il faut tuer TINA. 200 propositions pour rompre avec le fatalisme et changer le monde, Éditions du Cerisier, 2017, 528 p.

« TINA » est au départ une expression de Margaret Thatcher qui veut dire : « There Is No Alternative » (« Il n’y a pas d’alternative »). Or, il existe énormément d’alternatives au capitalisme et à la pensée unique néolibérale. Elles sont construites par des femmes et des hommes qui, partout dans le monde, se dressent contre l’injustice, les inégalités, l’oppression. Beaucoup d’entre elles sont simples, cohérentes et, avec un peu de volonté politique, pourraient être mises en œuvre dès aujourd’hui.

C’est le point de départ et l’objectif de ce livre : proposer un outil accessible, pratique, concret et rigoureux pour rompre avec le fatalisme ambiant et montrer que, dans tous les domaines (finance, économie, éducation, culture, démocratie, agriculture, etc.), des alternatives crédibles à la mondialisation capitaliste sont à notre portée.

L’ouvrage comprend quatre parties. « La première vise à définir les contours de ce que nous entendons par ‘alternatives’, (…) [partie qui] pourra se révéler utile pour cadrer le débat (…). Les trois parties suivantes ont une logique commune et une cohérence d’ensemble : quinze chapitres développent quinze thématiques. La deuxième partie se concentre sur les thèmes liés à l’économie et à la finance. La troisième est consacrée aux conditions de vie des populations et au respect de l’environnement. La quatrième et dernière partie se concentre sur les conditions d’une citoyenneté active et critique (éducation, démocratie, institutions, comportements individuels…). Le but étant de disposer d’un outil didactique et pratique pour l’action et la bataille des idées, les chapitres sont construits de manière indépendante. Bien sûr, de nombreux liens existent entre les thématiques et ils ont été soulignés autant que possible. » (p. 14).

Laurence DE COCK, Mathilde LARRÈRE, Guillaume MAZEAU, L’histoire comme émancipation, Agone, 2019, 138 p.

L’enjeu de ce livre est de redonner à l’histoire sa dimension critique dans tous les sens du terme, surtout dans son acception politique. En interaction avec les mobilisations, les luttes contre toutes les dominations, jamais cantonnées à un cercle d’initiés, « l’histoire comme émancipation participe de la conscientisation », selon les termes de Paulo Freire. Pour cela, les auteurs plaident pour des historiens engagés, socialement situés. Ils critiquent la posture de « neutralité axiologique » reprise à Max Weber par Raymond Aron qui sert, dans les faits, à masquer l’emprise de l’idéologie dominante néolibérale sur les sciences sociales.

Pour se débarrasser du fatalisme qui nourrit le conservatisme, il est nécessaire de replacer l’histoire dans le cadre des luttes sociales et économiques émancipatrices (de classes, de genres, de « races »…). Ainsi, l’étude de l’histoire permettra de fissurer les noyaux de certitude et donnera de nouvelles perspectives aux mouvements qui luttent pour le progrès social en montrant que celui-ci se nourrit des actions solidaires des hommes et des femmes du passé.

Le principe fondamental défendu dans le livre est que la crédibilité de la démarche de l’historien engagé repose sur la transparence de l’administration de la preuve. Et tant pis si cette position dérange les philosophes qui veulent « penser sans entraves » tout autant qu’elle agace les militants et militantes qui, pressés d’en découdre avec la recherche, ne font pas de différence entre des résultats scientifiques et une estimation approximative, à l’emporte-pièce.

Collectif La Friche, Édumédias, Petit manuel critique d’éducation aux médias. Pour une déconstruction des représentations médiatiques, Éditions du commun, 2021, 176 p.

« L’éducation aux médias et à l’information (EMI) dépasse son rôle institutionnel de lutte contre la désinformation et n’est pas l’apanage des médias traditionnels, des journalistes et des écoles de journalisme. La pratique de l’EMI doit considérer le travail mené par les acteurs qui l’exercent depuis de nombreuses années : les structures d’éducation populaire, les associations de quartiers, les médias de proximité, les enseignants, au premier rang desquels les professeurs-documentalistes, etc. »

Les auteurs de l’ouvrage pensent l’EMI avec les lunettes de l’éducation populaire, soit « comme la construction d’une lecture critique de la société et de ses représentations médiatiques, au-delà d’une simple lecture du monde via le prisme des médias. Se rattacher à ce champ pédagogique et politique, c’est assumer que l’éducation aux médias et à l’information n’est pas neutre. C’est aussi affirmer que l’EMI doit s’articuler sur des utopies d’émancipation, que la déconstruction des représentations médiatiques a pour objectif de transformer la société pour la rendre moins inégalitaire, et qu’elle a vocation à rendre les publics acteurs de l’information. » Ils l’envisagent « comme une méthodologie reposant sur la construction d’un savoir commun, mêlé de théorie et de pratique, qui puisse avoir du sens dans la vie des gens. » (pp. 14-15).

Peuple et Culture, IHOES, Éducation populaire. La puissance de penser. Le pouvoir d’agir. Quarante ans de débats et d’actions de Peuple et Culture en Wallonie et à Bruxelles, Éditions du Cerisier, 2016, 336 p.

Peuple et Culture Wallonie s’inscrit dans la filiation du mouvement Peuple et Culture né en France à la sortie de la guerre avec pour but de « rendre la culture au peuple et le peuple à la culture ». L’association voit le jour en 1976, à un moment clé de la mise en œuvre des politiques culturelles en Communauté française de Belgique. En 1993, elle prend le nom de Peuple et Culture en Wallonie et à Bruxelles (PEC WB).

Cet ouvrage collectif entend faire le point sur l’évolution de PEC WB et, plus globalement, sur celle du champ de l’éducation populaire dans lequel elle s’inscrit. Une de ses particularités est d’avoir été coconstruit par des responsables et acteurs engagés à PEC WB qui dépassent le simple récit de souvenirs et font part de leurs points de vue et de leurs analyses en ayant recours à une méthodologie spécifique du mouvement Peuple et Culture, l’entrainement mental. Différentes questions sont posées : il y a quarante ans, quelles étaient les situations concrètes insatisfaisantes qui ont conduit une série d’acteurs à créer Peuple et Culture Wallonie ? Quel a été le cheminement de cette association ? Quels ont été ses actions, ses débats ? Quels problèmes, conflits, oppositions, contradictions a-t-elle rencontrés ? Pourquoi était-ce ainsi ? Qu’est-ce qui a été entrepris pour les traverser ? Et aujourd’hui, dans quelles situations concrètes insatisfaisantes se trouve le secteur de l’éducation populaire et permanente ? Que serait-il possible, souhaitable de faire pour les dépasser ? Autant d’interrogations qui peuvent, en miroir, être posées à l’ensemble des acteurs associatifs dans le champ de l’éducation populaire et permanente.

Éducation populaire au développement [dossier], in Carnets pédagogiques d’Antipodes, ITECO, n°22, novembre 2021, 92 p., www.iteco.be/revue-antipodes/education-populaire-au-developpement

Ce numéro des Carnets Pédagogiques d’Antipodes tente de cerner la problématique de l’éducation populaire au développement à partir d’une revue de divers courants pédagogiques qui la traversent, avec une place de choix donnée à Paulo Freire dont ITECO s’est grandement inspirée et s’inspire toujours aujourd’hui. Ensuite, elle examine différents aspects de l’éducation populaire au développement. Cette réflexion a été conçue comme le début d’un travail de recherche sur les contenus et sur les prolongements à donner à l’éducation populaire au développement, pour les années à venir, en se basant sur les pratiques existantes.

Dans le premier article, Pour une éducation populaire au développement, l’équipe écrit : « ITECO déclare être un lieu d’interrogation sur le fonctionnement de notre société et sur ce qui la fait changer, d’alphabétisation politique. Nous ne pouvons aspirer à devenir citoyens-acteurs que si nous nous entrainons à commencer à lire le Monde. » Et aussi : « Nous sommes pour un apprentissage dans la confrontation des points de vue, l’activation des conflits sociocognitifs et l’argumentation (…). Cela demande une écoute attentive et le respect de l’interlocuteur. La confrontation de différents points de vue sur un thème est essentielle pour que ‘l’éduqué’ prenne des décisions sur ce qui lui semble bon ou mauvais pour lui. En cela, (…) nous réprouvons la pédagogie du consensus issue d’une verticalité souriante et gentiment autoritaire. » (pp. 7-8).

Gisèle AMPLEMAN, Linda DENIS, Jean-Yves DESGAGNES, Théorie et pratique de conscientisation au Québec, Presses de l’Université de Québec, 2013, 294 p.

La conjoncture, où les situations d’injustices, d’indignation, d’oppressions multiples et de reculs démocratiques sont à l’ordre du jour, rend plus que jamais pertinente l’approche de conscientisation pour acquérir une conscience critique de l’oppression. Comment cette approche, qui vise le changement social, s’actualise-t-elle au 21e siècle  ?

Cet ouvrage collectif traite des dimensions structurelle et culturelle de l’oppression, puis il présente une série d’expériences de conscientisation, que ce soit auprès de femmes autochtones ou de personnes socialement assistées, dans des milieux communautaires et par le biais de pratiques de formation traditionnelles ou originales comme le théâtre d’intervention. Enfin, il expose un processus d’autoformation alliant théorie et pratique développé par le Collectif québécois de conscientisation. Les textes sont écrits par des personnes de terrain qui réfléchissent et développent sans cesse leurs actions. Ils s’adressent aux intervenantes et intervenants qui se questionnent sur leur pratique et veulent travailler à promouvoir des rapports égalitaires en alliance avec les personnes opprimées.

Eduardo CARNEVALE, Rolande DENIS, Élections et démocratie, Collectif Alpha, 1001 idées pour enrichir sa pratique en alphabétisation, 2005 (actualisé en 2009), www.cdoc-alpha.be/GED_BIZ/19118579193/Elections_et_democratie_actu2009.pdf

Cet outil a été réalisé à partir d’ateliers initiés par des formateurs du Collectif Alpha en 1999 pour répondre aux interpellations des participants au sujet des élections. Plutôt que d’apporter des réponses toutes faites, il favorise la réflexion, l’analyse critique et le positionnement personnel. Dans un esprit d’éducation permanente, il s’agit de permettre aux apprenants d’acq uérir des outils d’analyse pour comprendre le fonctionnement de la Belgique fédérale et d’agir en tant que citoyens éclairés dans le monde qui les entoure. L’approche sous-jacente à la démarche proposée est que la démocratie ne se résume pas au droit de vote et même aux seuls droits politiques (même s’ils en sont des conditions sine qua non). Un tel thème débouche inévitablement sur une réflexion de philosophie politique touchant à tous les aspects de la vie en société.

Même si la « version actualisée » de cette mallette n’est pas récente, les thèmes qu’elle permet de traiter sont toujours d’actualité et ont toute leur place en alphabétisation. Le formateur devra cependant faire preuve d’initiative et d’une capacité à adapter la démarche proposée (mise à jour de certaines parties), en fonction de l’actualité nationale et internationale par exemple.

Sécurité sociale [jeu coopératif], Latitude Jeunes, 2008

Ce jeu aide à comprendre l’importance et le fonctionnement de la sécurité sociale et amène à aborder des questions de société telles que la solidarité, l’entraide, le progrès social et le bienêtre. Il plonge les participants dans des situations réelles pour leur permettre de comprendre l’importance de la « sécu » et d’en connaitre les sept piliers. Basé sur une approche active et participative, il peut ensuite servir de base pour mener un débat critique sur les phrases assassines et les préjugés qui circulent dans la société et permettent à des citoyens d’en accuser d’autres d’être des « profiteurs ».

Le jeu est accompagné d’une brochure explicative rédigée dans un langage clair et simplifié, La Sécu, c’est quoi ?, qui aborde les questions suivantes : quels sont les moments-clés de la vie où la sécurité sociale intervient ? Comment ? Pourquoi ? Quel est son fonctionnement ? Qui s’occupe de quoi ? Outre les réponses à ces questions, la brochure présente brièvement l’historique de la sécu, des infos-intox et des questions pratiques.

Vidéo de présentation : https://vimeo.com/117162679

Gaëlle JEANMART, Cédric LETERME, Thierry MULLER, Petit manuel de discussions politiques, Éditions du commun, 2018, 146 p.

Coups de force, dialogues de sourds, raisonnements biaisés, questions provocatrices, réponses à côté… Les médias, les soirées-débats ou nos repas du dimanche nous abreuvent d’exemples sur les écueils qui conduisent nos discussions politiques à une impasse. Et pourtant, les espaces politiques peuvent-ils se passer de la discussion ? Sans elle seraient-ils encore démocratiques ? Si la réponse à cette double question est « non », comment dès lors organiser et animer des discussions politiques qui soient à la fois constructives et démocratiques ?

Ce petit manuel propose des pistes concrètes pour (ré)apprendre à discuter ensemble et à faire du groupe où l’on s’engage un champ d’intelligence partagée. Il combine vigilance pratique et interrogations plus théoriques sur les enjeux des processus de discussion, sur leurs limites, leurs points aveugles et leurs présupposés.


  1. Julia PETRI, Paulo Freire et la non-neutralité de l’éducation, in Carnets pédagogiques d’Antipodes, ITECO, n°22, novembre 2021, p. 85, www.iteco.be/revue-antipodes/education-populaire-au-developpement
  2. Michel ELIAS, Namur CORRAL, Pour une éducation populaire au développement, in Carnets pédagogiques d’Antipodes, op. cit., p. 7.

Centre de documentation
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02 540 23 48 cdoc@collectif-alpha.be
Catalogue en ligne www.cdoc-alpha.be