De nombreuses personnes analphabètes peinent à trouver un travail ou pour celles qui trouvent, exercent, la plupart du temps des métiers pénibles et/ou précaires…. Les syndicats constituent un acteur essentiel dans la défense des travailleurs et des personnes sans emploi. Quel regard portent-ils sur le monde du travail actuel pour les personnes en difficulté de lecture-écriture ? En quoi leurs missions rejoignent-elles le combat mené par les actions d’alphabétisation ?

Emploi et travail des personnes analphabètes : un enjeu syndical

Entretien avec Eric Buyssens, coprésident de Lire et Écrire,
directeur politique de la FGTB Bruxelles
Propos recueillis et mis en forme par Aurélie Leroy,
Lire et Écrire Communauté française

Pourriez-vous, en quelques mots, me présenter votre parcours et décrire vos liens avec Lire et Écrire ?

Lire et Écrire a été créé en 1983 par les associations d’éducation populaire des mouvements ouvriers chrétien et socialiste. C’est un peu après que j’ai été engagé, en octobre 1985, pour mettre en œuvre dans le Brabant Wallon la première grande campagne de Lire et Écrire, basée sur un petit film « Allo Bonjour »1. J’étais un des nonante travailleurs et travailleuses CST2, engagés par Lire et Écrire pour un an. Je m’occupais de l’est du Brabant wallon. J’ai poursuivi la campagne bénévolement, jusqu’au moment où j’ai été appelé à faire mon service civil. A mon retour, en 1988, j’ai été recruté par la Mission Locale Jeunes de Saint-Gilles3, qui venait d’être créée par Alain Leduc, l’un des pères fondateurs de Lire et Écrire, Charles Picqué, jeune Bourgmestre et Albert Eylenbosch, président du CPAS. Mon job a été alors de mener un projet pilote de formation de jeunes en alternance avec le Forem et l’entreprise d’ascenseurs Schindler4.

Suite aux premières élections régionales de 1989, nous avons mis en place la « délégation régionale bruxelloise à l’insertion socioprofessionnelle » qui était une officine du premier gouvernement régional. J’y ai travaillé de 1990 à 2000. Nos missions consistaient à mettre en œuvre et coordonner la nouvelle politique régionale d’insertion socioprofessionnelle, en s’appuyant sur les enseignements de l’expérience de Saint-Gilles. En 1992, nos missions de coordination régionale ont été élargies à divers volets sociaux du nouveau plan régional de développement (PRD). La délégation à l’insertion a ainsi été rebaptisée « délégation interministérielle aux solidarités urbaines ». Sur ces dix années, nous avons tout d’abord établi, en concertation avec les acteurs de terrain, les bases règlementaires du dispositif bruxellois d’insertion socioprofessionnelle et des programmes de partenariat avec Actiris (anciennement ORBEM), dont un programme dédié à l’alphabétisation des demandeurs d’emploi. Nous nous sommes occupés ensuite des premiers appels à projet en économie sociale, de l’habitat des quartiers populaires et de l’accueil de première ligne des personnes en besoin d’aide. La question de l’alphabétisation était au centre de nos préoccupations. Elle faisait partie de notre réflexion stratégique sur les solidarités urbaines. Nous concevions à l’époque l’insertion socioprofessionnelle comme une action d’éducation permanente à part entière, mais développée dans le contexte particulier du chômage.

Après les élections de 1999, j’ai rejoint le cabinet du Ministre bruxellois de l’Emploi comme conseiller Emploi et Formation. Lire et Écrire Bruxelles a alors sollicité le soutien de la Région pour mettre en œuvre son Plan bruxellois pour l’alpha5,  en réponse à l’explosion de la demande d’alphabétisation, faisant suite notamment à la campagne de régularisation des sans-papiers. J’ai pu dégager pour cet ambitieux plan nonante emplois subventionnés (ACS) et un important subside en cohésion sociale. Lire et Écrire Bruxelles bénéficie toujours de ces moyens.

Enfin, au terme de la législature régionale, j’ai été engagé à la FGTB Bruxelles au sein de laquelle je dirige depuis 2004 les services généraux : bureau d’études, service communication et formation des militants. Je m’occupe également de nos deux asbl : Habiter Bruxelles, qui est un service social de première ligne et la Centrale Culturelle Bruxelloise qui organise notamment des formations de remise à niveau en français pour demandeurs d’emploi6. C’est à ce moment-là que je suis entré dans les Conseils d’administration de Lire et Écrire Bruxelles et de Lire et Ecrire Communautaire, comme représentant de la FGTB et du mouvement ouvrier socialiste. Depuis une dizaine d’années, j’en assure la coprésidence. 

Quels sont les grands axes de l’action syndicale à la FGTB et en quoi concernent-ils le secteur de l’alphabétisation ? Quels sont vos chantiers communs et comment vos luttes se rejoignent-elles ?

Par essence, le syndicalisme est un mouvement populaire. Le terme mouvement ouvrier a encore tout son sens même s’il y a de moins en moins d’ouvriers au sens de cols bleus. Le syndicalisme a quatre grandes missions qui sont liées entre elles, inséparables et non cloisonnées.

La première mission est fondatrice. C’est ce je que j’aime appeler « le secours syndical », en bref la solidarité entre travailleurs et travailleuses. Ce fut la première démarche syndicale, se tenir les coudes face aux adversités du travail, aider les collègues qui sont en difficulté. Rappelons-nous que ce sont les syndicats qui ont créé les premières caisses de solidarité. C’est pourquoi la FGTB, comme la CSC, assure encore aujourd’hui le paiement des allocations de chômage de ses membres. Nous avons le devoir d’aider les travailleurs qui ont perdu leur boulot. Nous les soutenons en cas de conflit social via les caisses de grève.

La deuxième mission qui nous caractérise, c’est la défense collective des travailleurs. C’est là qu’on met l’essentiel de nos forces. Fort du mandat que les travailleurs et les travailleuses nous donnent, nous négocions avec les employeurs et nous concluons des conventions collectives de travail, au niveau des entreprises, du secteur ainsi qu’au niveau interprofessionnel. Ces conventions ont force de loi. Elles déterminent les droits et obligations des parties du travailleur et de son employeur. Et lorsque c’est nécessaire, nous n’hésitons pas à entamer un bras de fer, à manifester nos désaccords voir à arrêter le travail mais cela reste exceptionnel.

A côté de cela, notre troisième mission consiste à exercer un véritable contrepouvoir politique, fort de nos très nombreux membres (1,5 millions pour la seule FGTB). Nous pesons de tout notre poids sur les orientations que les politiques donnent à leur politiques économiques et sociales. Ce dialogue est organisé en Belgique au travers de divers organes consultatifs tel le Conseil économique et social bruxellois7 et le Conseil national du travail8. La question du travail est évidemment notre préoccupation centrale mais nous nous intéressons aux autres questions sociales telles le logement, l’énergie, l’immigration, l’enseignement, …. C’est dans ce cadre que nous abordons les questions d’alphabétisation, de l’apprentissage du français langue étrangère, de l’accueil des migrants.

Enfin, dans le cadre de notre quatrième et dernière mission, nous assurons l’éducation et la formation de nos militants et militantes. Nous leur donnons les outils d’intervention qui leur sont nécessaires pour agir sur leur devenir collectif. Les syndicats sont, à ce titre, les plus grandes organisations d’éducation populaire, dont une part, mais une petite part seulement, est financée par l’éducation permanente. Nous encadrons les délégués syndicaux dans leur action collective, les formons, leur donnons des outils d’analyse, les documentons. C’est le côté le plus chaleureux de l’organisation syndicale, quand nous sommes avec toutes ces femmes, tous ces hommes, qui sont élus dans les entreprises, qui ont pris l’engagement de défendre leurs collègues, qui tentent de régler les conflits et d’obtenir des conditions de travail meilleures. C’est le cas actuellement dans le cadre des titre services où nous essayons d’améliorer le sort de ces personnes, en très grande majorité des femmes, qui ne gagnent pas lourd et qui travaillent dans des dures conditions (déplacements non payés, etc.). C’est en outre dans ces secteurs où de nombreuses personnes analphabètes travaillent faute de mieux.

A Lire et Ecrire, les travailleurs en difficulté de lecture et d’écriture représentent moins de 10% du public alors qu’on estime qu’ils devraient être plus nombreux9. C’est un public qui est assez difficile à toucher généralement. Travaillez-vous cette question ? Quels sont les moyens d’action développés, les freins et les leviers ? 

La question de l’alphabétisation en entreprise est difficile. Il y a beaucoup de freins. C’est très difficile d’abord de se dévoiler dans l’entreprise, de dire « Oui je suis analphabète » et d’affirmer vouloir suivre une formation en alphabétisation auprès de son employeur.

Ensuite, même s’il existe des fonds sociaux qui financent la formation continuée des travailleurs, les employeurs ont tendance à considérer que l’alphabétisation ressort de la responsabilité publique, de l’éducation initiale. Par conséquent, ils veulent bien financer les salaires afin que les travailleurs puissent suivre une formation mais ils ne veulent pas financer les aspects pédagogiques, la formation même. Et quand nous nous tournons vers Bruxelles Formation, ils nous répondent que l’Europe n’autorise pas un tel financement public des entreprises pour la formation de leurs salariés et que ce sont les employeurs qui doivent la financer au prix coutant. Ce n’est pas aussi catégorique dès lors que les travailleurs en question soient précaires mais il nous reste, encore, à trouver la porte d’entrée pour dégager de telles aides publiques. De plus, la formation en alphabétisation est rarement une priorité pour de nombreux employeurs. En ce qui concerne le secteur du nettoyage par exemple, la priorité est plutôt donnée à la sécurité. Maintenant, si tu ne sais pas lire la notice, la formation en sécurité ne te sera pas d’un grand secours … 

Par ailleurs, les demandeurs d’emploi analphabètes sont trop injustement responsabilisés sur le marché du travail par les organismes de placement des demandeurs d’emploi. N’entendent-ils pas au guichet des organismes de placement : « Vous cherchez du boulot et vous ne savez ni lire et ni écrire ? Eh bien, passez votre tour, allez suivre des cours et revenez ensuite ». Les employeurs mais aussi les pouvoirs politiques ont du mal à comprendre que l’on peut être analphabète et travailler, et que l’on peut se former tout en travaillant. C’est pourquoi l’alphabétisation a toute sa place en insertion socioprofessionnelle.

Une autre difficulté tient au fait que les militants syndicaux ont du mal à s’emparer de cette question au sein des entreprises. Les personnes analphabètes sont rarement dans les grandes entreprises, là où il y a un dialogue permanent avec les employeurs, mais plutôt dans l’économie souterraine et dans l’économie de service, là où ce dialogue n’est pas organisé.

Quel regard portez-vous sur le marché de l’emploi et les politiques d’emploi pour les personnes analphabètes ou faiblement qualifiées ? Quelles évolutions récentes voyez-vous depuis la crise sanitaire ? 

Il y a, d’abord, toutes les dérives que Lire et Écrire dénonce régulièrement de l’État social actif et ses mesures d’activation des chômeurs. Dans ce cadre, les ministres de l’emploi souhaiteraient maintenant rendre le parcours d’accueil des primo-arrivants obligatoire, ainsi que la formation dans les métiers en pénurie10. Avec la crise sanitaire, il y a eu certes moins de contrôle et donc de sanction des efforts de recherche active d’un emploi.

Mais il y a aussi des évolutions positives. Nous arrivons, à présent, à remobiliser le secteur professionnel et à sortir d’une approche généraliste de l’emploi qui responsabilise l’individu et non la collectivité. Nous tâchons de responsabiliser les employeurs, les secteurs professionnels (l’HoReCa, la construction, la logistique, l’industrie, le digital, …) et de les associer aux politiques régionales de formation. Et c’est au sein de ces nouveaux espaces de dialogue que l’alphabétisation des travailleurs pourrait être discutée.

La question de la fracture numérique se pose également. Durant la pandémie, Bruxelles Formation a investi dans l’e-learning et organise maintenant des formations à distance pour les métiers en pénurie. Cela ne va pas aider notre public bruxellois qui ne dispose pas toujours du matériel informatique adéquat et qui a un rapport à l’écrit et au numérique compliqué. Grâce au plan de relance lié à la crise sanitaire, Lire et Écrire a reçu des moyens sur la fracture numérique, ce qui est certes positif mais reste insuffisant.

La formation en alphabétisation n’est pas la baguette magique qui va résoudre la question sociale du travail. La formation professionnelle a une fonction sélective sur le marché du travail. Elle procède d’une certaine manière à la sélection des candidats à l’emploi qui sont surnuméraires. Qu’est-ce qui fait qu’une personne trouve du travail et une autre non ? A compétences égales, ce sera la personne qui maitrise les codes sociaux, qui dispose de capital culturel11, qui arrive à se projeter dans le travail et qui utilise, à bon escient, les réseaux sociaux. Et nos apprenants ne sont pas les mieux placés pour cela. Mais la formation en alphabétisation n’est pas seulement cette fonction utilitaire, qui permet à nos apprenants à mieux se positionner sur le marché du travail, ne l’oublions pas, elle est avant tout émancipatrice et créatrice de liens. Elle ne se limite pas à l’acquisition de l’écriture et de la lecture, elle vise aussi à ce que la personne sache comprendre, agir sur sa réalité de vie et prendre son destin en main.

Avec la numérisation croissante des services publics et essentiels, de nombreuses personnes analphabètes rencontrent des difficultés notamment dans l’obtention ou le maintien de leurs droits. Que pensez-vous de cette situation ?

C’est un scandale notamment dans les banques. Pendant le lockdown (fermeture des entreprises), la FGTB a dû recevoir les demandes de chômage temporaire par mail. C’était horrible, les personnes étaient complètement perdues. Sur la fracture numérique, les pouvoirs publics sont, heureusement, assez conscientisés.

Est-ce le cas pour Actiris ? Car Actiris a commencé à digitaliser le dossier unique12 pour le demandeur d’emploi…

Il y a deux choses dans la fracture numérique. Il y a l’accessibilité des services qui nous préoccupe beaucoup. Il faut que les services publics restent accessibles. Nous le voyons dans nos propres services. Lorsqu’une personne rencontre des problèmes administratifs, c’est très difficile de poser correctement la question et de dialoguer par Internet. La communication est très différente d’une communication en face à face13.

A côté de cela, Michel Foucault14 expliquait que les écoles et les prisons ont été construites au 19ème siècle sur le principe du panoptique15, sur un dispositif de surveillance continue des individus. La structure panoptique permet à un gardien, posté dans une structure centrale, d’observer les prisonniers situés à la périphérie, enfermés dans des cellules individuelles et transparentes. On leur donne une consigne mais ils ne savent pas à quel moment ils vont être surveillés. Les prisonniers, comme les écoliers, vont donc se conformer à l’exigence qu’il leur est faite et adopter à un certain type de comportements car ils savent bien qu’à tout moment, ils peuvent être contrôlés. Le panoptique amène, selon Foucault, le détenu à intérioriser la surveillance.

Le dossier unique d’Actiris, c’est hélas aussi ça. Nous sommes dans une société de contrôle et la traçabilité numérique des parcours d’insertion y contribue. Le dossier unique va aider au contrôle de la disponibilité des chômeurs car toutes les actions du chômeur y sont notifiées. Et il sait que tout ce qu’il fait ou ne fait pas est consigné par un système informatique dont il n’a pas la maitrise. Maintenant, Actiris met en avant que les gens auront davantage de facilités à constituer leur dossier, que les conseillers auront accès à tout l’historique, etc. C’est une tendance lourde de nos sociétés actuellement, nous le voyons aussi dans le milieu médical avec le dossier médical global par exemple.

Quels sont vos futurs chantiers ?

Nous sommes dans une inconnue, la crise sanitaire a bouleversé les codes. Il y a eu des chocs successifs : la crise bancaire de 2008, les attentats de 2015-2016, la pandémie et maintenant la guerre en Ukraine.  L’avenir est incertain, mais l’essentiel est de défendre nos valeurs, la démocratie sociale et la démocratie en général. Comment peut-on rendre solidaire les travailleurs, ceux qui travaillent dans les grandes entreprises, ceux qui travaillent dans les petites, ceux qui sont piégés dans la débrouille et l’embrouille de l’économie informelle, etc. ?

La numérisation engendre aussi une nouvelle forme de travail où la notion d’entreprise physique même disparait. Il n’y a plus beaucoup d’entreprises physiques où sont rassemblés tous les travailleurs. L’usine Volkswagen de Forest, c’était 8000 personnes, ce n’était pas trop compliqué de bloquer l’entreprise et de créer un rapport de forces avec l’employeur. C’est beaucoup plus compliqué maintenant. Les moyens d’action sont très différents. Comment fait-on la grève quand l’entreprise n’y a plus de siège physique, comme Deliveroo ?

Le chantier de l’alpha-travailleurs est un chantier compliqué mais sur lequel on pourrait davantage travailler. Les collaborations entre Lire et Ecrire et les syndicats restent sur le terrain trop ponctuelles, tout au moins à Bruxelles. Nous devrions mener plus souvent des campagnes visant les militants et militantes syndicales, pour les sensibiliser aux réalités de l’illettrisme en entreprise et leur ouvrir des perspectives d’action. Le rapport entre les mouvements ouvriers porteurs et Lire et Écrire ne peut pas être qu’historique. Le mouvement ouvrier est réceptif et les représentants syndicaux bien conscients de la problématique de l’analphabétisme. Mais il faut réinventer des formes de collaborations, des liens entre eux.


  1. Voir le Journal de l’alpha n°22, octobre 1985, https://lire-et-ecrire.be/IMG/pdf/ja_022_allo_bonjour.pdf.
  2. Cadre spécial temporaire
  3. Asbl d’insertion socioprofessionnelle, la Mission Locale pour l’emploi de Saint-Gilles est un opérateur agréé de formation et d’accompagnement des demandeurs d’emploi portant une attention particulière aux personnes les plus fragilisées. Voir : https://www.mlsg.be/
  4. Voir : https://www.schindler.com/be/internet/fr/schindler-belgique.html
  5. Pour plus d’informations, voir : https://lire-et-ecrire.be/Plan-bruxellois-pour-l-alpha-2002
  6. Voir : https://www.centraleculturellebruxelloise.be/
  7. Rebaptisé Brupartners. Voir : https://be.brussels/a-propos-de-la-region/les-organismes-regionaux/conseil-economique-et-social-de-la-region-de-bruxelles-capitale-cesrbc
  8. Le Conseil National du Travail est un organe national et interprofessionnel de composition exclusivement paritaire où siègent en nombre égal les organisations interprofessionnelles de travailleurs et les organisations interprofessionnelles d’employeurs. Cet organe est compétent dans les matières sociales. Il a d’abord une mission générale de conseil : il fournit des avis ou propositions au Gouvernement ou au Parlement concernant des questions de nature sociale. Depuis 1968, le Conseil conclut aussi des conventions collectives de travail à portée interprofessionnelle.
  9. Nous ne disposons pas de chiffres globaux en Belgique. Toutefois, en France, l’Agence nationale de lutte contre l’illettrisme estime que près de la moitié des personnes en situation d’illettrisme, selon l’Enquête Information et Vie Quotidienne, exercent un emploi. Voir : http://www.anlci.gouv.fr/Illettrisme/Les-chiffres/Niveau-national
  10. Le parcours d’accueil des primo-arrivants se compose d’un volet primaire : accueil, bilan social (notamment la connaissance du pays d’accueil) et d’un bilan linguistique. Le volet secondaire prévoit, si le bilan social et le bilan linguistique ont mis en évidence des besoins en termes de formation spécifique, l’accès à des cours de français (suivant la filière alpha ou langue étrangère et les besoins, de 240 à 750 heures) et à des formations à la citoyenneté (50 heures). Il est obligatoire en Wallonie et en Flandre depuis quelques années. A Bruxelles, son caractère obligatoire rentrera en vigueur en juin 2022, https://lacapitale.sudinfo.be/931137/article/2022-04-01/lobligation-de-parcours-daccueil-des-primo-arrivants-bruxelles-reportee-juin. Voir également sur cette question : https://lire-et-ecrire.be/IMG/pdf/200310_mission_impossible_primoarrivant.pdf.
  11. La notion de capital culturel, introduite par Pierre Bourdieu et Jean-Claude Passeron, désigne l’ensemble des ressources culturelles dont dispose un individu (capacités de langage, maitrise d’outils artistiques, de biens culturels, diplômes, etc.). Voir : Pierre BOURDIEU et Jean-Claude Passeron, La reproduction, Edition de Minuit, 1970.     
  12. Le dossier unique est défini comme le dossier informatisé des chercheurs d’emploi reprenant leurs compétences, leur parcours d’accompagnement, de formation et professionnel afin de permettre le matching entre les chercheurs/euses d’emploi
    et les offres d’emploi (My Actiris).
  13. Voir à ce propos l’analyse du décret régissant l’accompagnement des demandeurs d’emploi en Wallonie qui met en avant notamment que le recours croissant aux outils numériques présente des risques pour les personnes en difficulté de lecture-écriture. Sébastien VAN NECK, La réforme de l’accompagnement des demandeurs d’emploi : encore une urgence à changer de paradigme, pp. 
  14. Michel FOUCAULT, Surveiller et punir, Gallimard, 1975.
  15. L’architecture panoptique a été conçue par Jeremy Bentham en 1791. Ce dernier imaginait la prison parfaite, dans laquelle on pourrait épier les moindres gestes de chaque prisonnier sans être vu en retour. En 2021, ce modèle décrit la relation que nous entretenons avec la technologie et les réseaux sociaux. Voir à ce propos : Christian LAVAL, Surveiller et punir, la nouvelle société panoptique, in La revue du MAUSS, n°40, 2012/2, pp.47-72, https://www.cairn.info/revue-du-mauss-2012-2-page-47.htm.