Les Jeudis du Cinéma, c’est un projet de Lire et Ecrire Bruxelles qui propose, depuis 2005, en collaboration avec Article 271, des séances de cinéma en version française à destination des associations d’alphabétisation et de Français langue étrangère (FLE). Des films de fiction ou documentaires pour contribuer à l’apprentissage de la langue mais aussi pour se faire plaisir, susciter une réflexion, un questionnement et faire du cinéma un outil d’éducation permanente et de démocratisation de la culture...

Les Jeudis du Cinéma, un bain de culture

Par Delphine Cabu², Responsable de projet au Service Communication-Événements. Lire et Écrire Bruxelles
Entretien avec Jamila Bouchra, formatrice en alphabétisation et référente pédagogique au CEDAS, Sylvie Wauthier, formatrice de Lire et Écrire Bruxelles, détachée à la Chom’Hier, Patrick Vanderstegen, coordinateur alphabétisation/Education Permanente et formateur à la Chom’Hier et Denis Marchat, ancien formateur au Centre Alpha Anderlecht de Lire et Écrire Bruxelles

Un jeudi par mois, de nombreux groupes d’apprenant·e·s et leurs formateur·rice·s se donnent rendez-vous au cinéma Vendôme dans le quartier Matonge à Bruxelles, pour une matinée riche en émotions. Véritable outil d’éducation permanente, le cinéma3 permet aux participant·e·s de (se) questionner, de débattre, de nourrir la réflexion et de développer leur esprit critique dans le cadre des cours d’alphabétisation. Enrichir le contenu des cours, contribuer à l’apprentissage de la langue de manière interactive, faire du cinéma un outil de démocratisation culturelle, tels sont quelques-uns des objectifs du projet. Les apports sont multiples pour les apprenant·e·s comme l’illustreront les extraits d’entretiens des participant·e·s4.

La dimension de plaisir créée par le cinéma dans le cadre de l’apprentissage du français suscite souvent de la motivation chez les apprenant·e·s. Découvrir le cinéma donne envie d’y retourner !

« Oui, depuis que j’ai commencé, avant tout, d’abord, le début du film j’ai un souci quand même, pour comprendre. Mais quand, en fin du film tu te sens un peu mieux qu’au début, parce que tu es déjà dedans dans le film, tu vas te concentrer, savoir comment ça se passe. Tu peux comprendre mieux même qu’au premier film. Ça t’encourage d’aller ! Chaque fois que tu pars, tu vas voir du nouveau. Grâce à ça, tu peux avoir d’autres choses différentes quand même ; des choses différentes ». M.

Les Jeudis du Cinéma, c’est aussi un plongeon dans l’interculturalité. Regarder un film permet de s’ouvrir à d’autres points de vue, de déconstruire ses préjugés, de prendre conscience d’une certaine universalité. Certain·e·s apprenant·e·s, qui ne sont jamais allé·e·s au cinéma, découvrent que des expériences de leur vie ont pu être vécues, sous une forme similaire, par d’autres personnes, appartenant à d’autres cultures.

« Avant, j’étais dans un autre monde ; avec le cinéma, les autres spectacles, j’ai découvert un autre monde. Imagine si j’étais resté à la maison, comment j’allais savoir tout ça ! Mais c’est grâce aux encouragements de Madame F. et les autres personnes que j’ai rencontrées. […] ». Y.

« Les films comme on a vu au cinéma […] avec Madame F., ça, c’est bien, parce que moi aussi, j’ai été femme de ménage au Maroc. J’ai travaillé avec les gens comme le film qu’on a vu avec Mme Anne. Aussi pour les enfants échangés. Ça aussi, c’est quelque chose de la vie. C’est intéressant de le voir ». Z.

Aller au cinéma, c’est aussi gagner en confiance en soi et en autonomie, s’affirmer dans la vie quotidienne.

« Je suis fière parce que je vais y aller, je ne baisse pas les bras, je suis contente, je vais y aller ! Je ne veux pas rater le film ». Z.

La programmation des films, de fiction ou documentaires, est réalisée par un groupe de travailleur·euse·s du secteur passionné·e·s de cinéma et de pédagogie dans le cadre des cours d’alphabétisation et de FLE. Les films abordent une diversité de genres et de thématiques qui sont travaillés dans des fiches pédagogiques créées par le groupe de travail des Jeudis du Cinéma. Ces fiches se veulent être une inspiration pour les formateur·rice·s afin d’aider à préparer les apprenant·e·s au visionnage des films. Le parti pris des fiches5 est de proposer à la fois des activités ciblées mais aussi parfois une matière brute (thématiques, pistes de travail, réflexions, liens à consulter, …). Ceci, afin de laisser autant que possible, le champ ouvert pour l’adaptation des activités à tous les niveaux d’apprentissage.

Afin d’entrer dans l’univers des Jeudis du Cinéma6, nous avons rencontré des formateur·rice·s de trois associations bruxelloises d’alphabétisation et de FLE : Jamila (CEDAS), Patrick et Sylvie (Chôm’hier) et Denis (Lire et Ecrire Bruxelles).

Pourquoi intégrez-vous les Jeudis du Cinéma dans votre processus d’apprentissage du français ?

Jamila : C’est avant tout un média qui contribue à l’apprentissage du français. C’est une ressource qui enrichit nos cours et apporte une variété dans les animations proposées.
L’apprenante ou l’apprenant est directement mis·e en contact avec la langue. Cela permet de concilier l’apprentissage du français et l’apprentissage de l’interculturalité, de faire réfléchir sur divers sujets de société, d’amener des débats mais aussi de faire découvrir le lieu culturel qu’est le Vendôme. Depuis quelques années, les Jeudis du Cinéma sont inscrits dans notre programme de formation.

Patrick : Le cinéma est un bon support de cours et il y a une demande de la part des apprenant·e·s, dans les groupes, de faire des sorties « hors les murs ». En début d’année, nous présentons tous les films programmés en montrant les bandes de lancement et nous demandons aux apprenant·e·s de choisir, parmi les films, ceux qu’elles ou ils ont envie d’aller voir.

Sylvie : On intègre les Jeudis du Cinéma dans nos cours, davantage pour les thématiques abordées (les droits de la femme, le racisme, l’amitié, …) que pour l’apprentissage du français. On fait aussi du français bien sûr mais surtout au niveau du vocabulaire.

Denis : Les Jeudis du Cinéma sont un moyen de sortir du lieu d’apprentissage habituel, la classe, pour aller vers un autre lieu d’apprentissage, la salle de cinéma. C’est l’occasion de faire une sortie ensemble, de prendre le métro, de voir un autre quartier, de rencontrer de nouvelles personnes. Un lien de cohésion nait souvent entre le groupe et la formatrice ou le formateur. Une confiance et une solidarité s’installent. Le projet permet aussi de proposer l’activité cinéma à certain·e·s apprenant·e·s qui n’y sont jamais allé·e·s.

Selon vous, quels sont, pour les apprenant·e·s, les apports des points de vue linguistique, social, personnel et culturel ?

Jamila : Au niveau linguistique, cela permet d’offrir un bain de langage supplémentaire aux apprenant·e·s, de se familiariser aux diverses intonations et manières de parler, d’écouter et de regarder avec attention, d’apprendre du vocabulaire relatif à certains thèmes mais aussi de construire et de consolider des apprentissages et de faire des liens avec ce qui a été vu en classe.
Au niveau social, nous avons remarqué que les apprenant·e·s apprécient de se retrouver pour cette sortie. C’est un plaisir commun qui accentue le sentiment d’appartenance à un groupe. S’ils n’ont pas les mêmes horaires de cours, ils se retrouvent à ce moment-là, rencontrent d’autres personnes et font connaissance.
Au niveau personnel, chacun·e y trouve un peu son compte ou son intérêt. Il y en a certain·e·s qui participent car elles ou ils visent l’apprentissage de la langue, certain·e·s pour retrouver d’autres personnes ou encore pour casser une certaine routine. L’envie et la motivation se créent au fur et à mesure des séances et de ce qu’elles apportent aux personnes. Au niveau culturel, c’est une grande découverte et également un apprentissage. Certain·e·s de nos apprenant·e·s ne sont jamais allé·e·s dans un cinéma parce que, culturellement, cela ne se faisait pas dans leur pays d’origine. C’était mal vu, voire interdit. On voit une évolution au fur et à mesure des séances qui amènent à une compréhension du pays d’accueil. Il y a aussi des personnes qui n’adhèrent pas au projet, n’y participent pas et nous le respectons.

Sylvie : D’un point de vue linguistique, c’est l’occasion d’écrire des textes individuels ou collectifs, d’apprendre du vocabulaire, de pratiquer la structure de phrases, la conjugaison, l’écriture de résumés, d’avis, avec tout ce que cela contient comme travail de français classique. Dans la mesure du possible, nous essayons de faire des liens avec l’actualité. Par exemple, lorsque nous avons présenté le film « Green Book »7, nous avons fait un lien avec le mouvement Black Lives Matter, fait d’actualité très important au moment où le film a été programmé.

Patrick : Nous commençons nos semaines de cours par un « Quoi de neuf ? ». Nous demandons à chacun·e de parler de quelque chose qui l’intéresse ou d’une actualité. Nous aussi, Sylvie et moi, nous participons. Le film est une manière d’aborder une thématique. Nous utilisons aussi beaucoup les extraits du JT sur Auvio, les Matin Première. Les films permettent de s’ouvrir à des sujets que nous ne verrions pas spontanément. Au niveau social, nous travaillons selon les principes de l’éducation permanente. Nous essayons de faire en sorte que les personnes aient un recul critique sur la société. Les Jeudis du Cinéma sont un des outils à notre disposition pour faire cela. Au niveau personnel, les apprenant·e·s en retirent notamment le plaisir de se retrouver ensemble.

Sylvie : C’est l’occasion pour certain·e·s d’entrer pour la première fois dans une salle de cinéma. Parfois il existe des craintes par rapport à ce que l’on va voir. Mais, à part ça, au niveau culturel, découvrir une salle de cinéma, son grand écran, cela a un côté un peu magique.

Sylvie et Patrick : Lors de la diffusion du film « Indian Palace », plusieurs personnes ont découvert la culture de l’Inde et certaines de ses manifestations culturelles. Elles faisaient des comparaisons avec leur culture : les épices, la vie dans la rue, les couleurs, etc.

Denis : Voir un film permet de percevoir les choses différemment, puis de s’exprimer sur ce qui a été vu, d’interagir, de raconter une histoire avec ses propres mots. Cela donne la possibilité de travailler le français autrement, d’affiner son langage et de progresser. Les Jeudis du Cinéma sont aussi l’occasion de faire connaitre Article 27, qui permet aux apprenant·e·s de faire des sorties culturelles en famille (expositions, pièces de théâtre, …) dans d’autres lieux à prix réduit.

Comment préparez-vous un groupe au visionnage d’un film ? Quelles sont vos sources d’inspiration pour vos préparations ? Les créez-vous de A à Z ou vous aidez-vous de fiches pédagogiques et de ressources existantes ?

Jamila : Nous nous inspirons des fiches pédagogiques que Lire et Écrire Bruxelles propose mais nous ne les utilisons pas complètement. Nous les adaptons ou sélectionnons certains exercices et nous en créons nous-mêmes d’autres, comme par exemple des exercices autour de l’affiche : l’analyse visuelle avec des questions et des hypothèses, la lecture du résumé avec divers exercices d’exploitation à l’écrit (pour les apprenant·e·s de niveaux plus avancés) ou encore des activités de compréhension à l’oral, des exercices sur les personnages et les lieux, etc.

Sylvie et Patrick : Nous montrons la bande de lancement du film et nous en parlons ensemble. Nous nous inspirons parfois d’une ou de deux étapes des fiches pédagogiques que nous modifions légèrement. Souvent, cela nous donne d’autres idées.

Denis : En début d’année, nous parcourons, avec le groupe, les activités proposées par Lire et Écrire Bruxelles, comme les Jeudis du Cinéma, le Festival Arts & Alpha ainsi que l’Atelier large public de notre Centre Alpha. Cela permet de se mettre en projet. En général, si un film entre dans notre thématique de l’année, nous allons le voir. Parfois, en parcourant le programme, le groupe a envie d’aller voir d’autres films. C’est aussi cela le cinéma, y aller pour le plaisir. Je m’appuie habituellement sur les fiches réalisées par le groupe de travail ou sur des documentaires relatifs aux thématiques du film. Les fiches sont une source inspirante pour faire découvrir un film, par le biais de sa bande-annonce et des activités qui gravitent autour. Après le film, nous rappelons les hypothèses qui avaient été émises avant le film, nous les confrontons, nous trions le vrai du faux afin d’arriver à une compréhension collective du film. Nous en retirons aussi parfois des idées pour alimenter notre thématique de l’année.

Comment quantifiez-vous l’apport de cette préparation ?

Jamila : Cela varie mais, en général, je prépare mon groupe deux semaines à l’avance en intégrant des petites animations de 30 à 50 minutes à chaque cours. Au fil du temps, je constate l’importance de bien préparer les films avec nos apprenant·e·s pour qu’ils soient faciles à comprendre pour eux, pour qu’ils en tirent tous les bienfaits et pour atteindre l’objectif que nous nous étions fixé.

Patrick : Les préparations sont nécessaires et cela nous a même déjà été dit après le film. C’est difficile à quantifier, surtout parce que le film tombe souvent au milieu d’une thématique plus générale que l’on travaille.

Denis : Certaines scènes, sensibles pour tout spectateur, peuvent l’être particulièrement pour notre public. La violence, notamment, ramène parfois les apprenant·e·s à leur vécu ou à ce qu’ils ont dû fuir (exil, guerre). Le fait de les préparer à ce type de scènes, de les avertir, de dialoguer sur le sujet, leur permet de moins appréhender ou d’anticiper ce qu’ils vont voir.

Comment procédez-vous pour créer la motivation d’aller au cinéma ?

Jamila : Généralement, la curiosité et la motivation sont suscitées lors de la préparation.
Les apprenant·e·s se sont tellement investi·e·s dans celle-ci ou se sont tellement identifié·e·s à un personnage qu’il·elle·s ont envie de connaitre l’histoire ou de vérifier leurs hypothèses. Il arrive aussi que les apprenant·e·s se motivent entre eux·elles et insistent pour que tout le monde aille voir le film.

Sylvie : Parfois, certain·e·s apprenant·e·s ont déjà vu le film et disent aux autres « Ah ce film-là, il est chouette ! » L’émulation, c’est un bon moyen de persuasion. De notre côté, nous mettons en avant l’intérêt de la thématique.

Patrick : Les bandes de lancement, comme elles sont souvent bien ficelées, montrent toujours les meilleurs moments du film et sont un bon outil.

Sylvie : Certaines thématiques, comme la cuisine, ce qui est en lien avec la nourriture, intéressent plus que d’autres. C’est un des centres d’intérêt principaux dans nos groupes ! Le plaisir de manger, c’est universel. La vie quotidienne des femmes, leurs conditions de travail, leurs droits… sont des thématiques qui remportent également du succès.

Patrick : Cette année, il y a eu un engouement pour le film « Lion ». L’histoire de cet enfant qui se retrouve tout seul dans un train et qui va essayer de trouver, adulte, d’où il vient, a touché les apprenant·e·s8.

Denis : En général, j’en parle comme d’une expérience à part entière : quitter notre lieu d’apprentissage habituel et découvrir un nouveau quartier pour y voir un film sur grand écran. Se déplacer dans la ville fait aussi partie de l’expérience. Des apprenant·e·s parlent encore de certaines sorties cinéma un an après !

Quels sont les retours que vous recevez des groupes au sujet des thématiques abordées dans les films, des apprentissages, du plaisir ressenti par le biais du cinéma ?

Jamila : Les apprenant·e·s trouvent qu’il y a beaucoup de films tristes ou dramatiques. Malgré qu’il·elle·s soient touché·e·s par l’histoire et qu’il·elle·s apprécient ce moment, il y a une réelle demande de voir plus de films distrayants ou comiques. Il·elle·s justifient cela en exprimant le fait qu’il·elle·s ont eux-mêmes vécu des situations graves ou ont des soucis, des problèmes actuellement. Pour eux·elles, c’est un moment pour échapper à leur quotidien et libérer leur esprit. En dépit de cela, le plaisir d’aller au cinéma est toujours manifeste et il·elle·s apprécient de pouvoir comparer le film à leurs expériences personnelles.

Patrick : Les apprenant·e·s s’identifient parfois aux évènements que le film raconte.
Nous avions été voir « La voleuse de livres » dont la fin avait provoqué pas mal de larmes. Le film parle d’une fille qui n’a jamais appris à lire et qui y arrive grâce à l’intervention de son père d’accueil.
A un moment, on voit la jeune fille essayer de se rappeler un mot un peu compliqué. Du coup, un jour en cours, nous avons repris cet image-là comme référence pour les aider à retenir un mot, en fermant les yeux, en essayant de le visualiser…
Et ça a marché !

Sylvie : Pouvoir s’identifier aux personnages, c’est ça qui est attirant dans un film.

Denis : Le fait de voir un film sur grand écran permet d’en amplifier la perception : l’image, le son, les sensations. Les retours sont donc, en général, étroitement liés au type de film choisi et à ce qu’il éveille comme émotions chez les apprenant·e·s.

Une anecdote ? Un retour d’une apprenante ou d’un apprenant sur la découverte d’un film en particulier ?

Jamila : Pas de retour en particulier mais des apprenant·e·s ressorti·e·s en larmes après certains films – dont les thématiques étaient la guerre, le racisme ou encore l’adoption – car l’identification était forte. Cela a fait ressurgir des souvenirs, des émotions.
Une fois, un apprenant afghan, en pleurs, a ouvert sa chemise à la sortie du cinéma pour me montrer la trace de la balle reçue pendant la guerre. Dans ces moments-là, il faut savoir recevoir les émotions… Il arrive aussi que ce soient des larmes de joie car le film était beau et émouvant. Dans tous les cas, nous recevons toujours beaucoup de remerciements de leur part pour leur avoir permis d’aller au cinéma, de sortir, de découvrir un autre film et d’apprendre le français. C’est aussi un moment de plaisir partagé, en tant que formateur·rice·s, avec nos apprenant·e·s.

Sylvie : De manière générale, je dirais que l’on se souvient des rires, des pleurs occasionnés par les films. Lors des ateliers ECLER (Ecrire, Communiquer, Lire, Exprimer, Réfléchir), les apprenant·e·s font parfois des commentaires sur les films. En voici un extrait, à propos du film « Les citronniers » : « J’ai envie de voir ce film parce que c’est un bon film qui parle d’une femme palestinienne courageuse. » Aïsha

Denis : Je garde le souvenir de la projection du film « La vache », film comique qui retrace le voyage d’un agriculteur qui part d’Algérie pour aller montrer sa vache au salon de l’agriculture à Paris. Tout le monde est sorti de bonne humeur et souriant de ce film. Au cours suivant, les apprenant·e·s se rappelaient tou·te·s du nom de la vache. Dire son prénom suscite encore des rires aujourd’hui !

Paroles d’apprenant·e·s

« Personnellement, ça m’a fait changer le regard ». M.D.

« Moi, je pensais que c’est juste les Africains qui ont des problèmes… Bon ! C’est là-bas que j’étais rassuré que toutes les personnes qui ont la même situation, c’est pareil. » M.

« Grâce au film, j’apprends comment être avec les gens. Quand il parle, il faut écouter, j’apprends comment les autres cultures fonctionnent. Par exemple, on dit “classe”, tu vois les gens “classe” ? Comment on se tient à table, comment on mange, la différence entre les classes. Ils parlent doucement, ils ne crient pas sur les enfants, doucement… Les autres, il va donner une claque sans même parler à l’enfant, tu vois, les films que je regarde comme ça et que j’aime bien, parce que je me dis moi aussi, j’aimerais être comme ça. » R.

« Quand je rentre dans la salle, j’oublie tous mes problèmes… ça me donne aussi le moral, la tranquillité. » Y.


  1. Article 27 est une asbl chargée de sensibiliser et de faciliter la participation culturelle des publics défavorisés. Voir : www.article27.be/ ainsi que l’article dans ce numéro
    pp. 68-77.
  2. Avec l’aide de Sandrine Colback et Vicky Juanis, conseillères pédagogiques à
    Lire et Écrire Bruxelles et membres du groupe de travail des « Jeudis du Cinéma ».
  3. Voir aussi le Journal de l’alpha n° 181 consacré au Ciné-alpha de novembre 2011.
    https://lire-et-ecrire.be/Journal-de-l-alpha-181-Cine-alpha?lang=frhttps://lire-et-ecrire.be/Journal-de-l-alpha-181-Cine-alpha?lang=fr
  4. Chantal HARELIMANA, Les effets de formation du dispositif spécifique des Jeudis du Cinéma de Lire et Écrire Bruxelles. A quoi peut-on les attribuer ? Mémoire de Master en sciences de l’éducation (FOPA), 2020, pp. 42-43.
  5. Téléchargeables sur www.jeudisducinema.be
  6. Pour en savoir plus sur les Jeudis du Cinéma, rendez-vous sur notre site
    www.jeudisducinema.be ou écrivez-nous à l’adresse info@jeudisducinema.be
  7. Cette projection a été annulée en raison de la crise sanitaire liée au COVID-19.
  8. Chantal HARELIMANA, op.cit.